Jean Mercier en septembre 2015. / PHILIPPE DESMAZES / AFP

Un octogénaire poursuivi pour non-assistance à personne en danger pour avoir aidé sa femme dépressive à mourir a été définitivement relaxé mercredi 13 décembre, la Cour de cassation ayant rejeté un pourvoi du parquet général de Lyon.

En octobre 2015, le tribunal correctionnel de Saint-Etienne avait condamné Jean Mercier, 89 ans, à un an de prison avec sursis pour avoir aidé son épouse malade et dépressive à mourir en 2011. Il avait été relaxé par la cour d’appel de Lyon en novembre 2016 mais le parquet avait formé un pourvoi en cassation.

Le parquet général avait demandé une « peine de principe » d’un an de prison avec sursis en soulignant que son épouse « n’était pas en fin de vie » ni « atteinte d’un mal incurable » mais « souffrait d’arthrose, d’anxiété ».

Mercredi, la Cour de cassation a estimé que la relaxe prononcée en appel était régulière sur la forme, et rejeté le pourvoi. La plus haute juridiction a rappelé qu’aux yeux de la cour d’appel, Jean Mercier avait commis un acte « positif » ne pouvant donc être qualifié de « non-assistance », tandis que « la seule qualification applicable », celle de « meurtre », avait été écartée par un non-lieu au terme de l’enquête.

Pas de validation jurisprudentielle du suicide assisté

« On a gagné, c’est super ! Jean Mercier, que j’ai eu au téléphone, est heureux. Il vient de rentrer dans une maison de retraite, en Ardèche, près de sa fille, et craignait de ne pas voir l’issue de cette procédure », a réagi l’avocat de l’octogénaire, Mickaël Boulay, auprès de l’Agence France-Presse.

Il avait déploré un pourvoi « totalement contre-productif et inopportun vu la longueur de la procédure et l’âge de M. Mercier ». Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), avait, lui, dénoncé un « terrible acharnement contre un homme (…) coupable d’un acte d’amour ».

Dans un communiqué, l’association a salué mercredi une décision qui « rétablit un homme dans son honneur et dans l’amour témoigné à sa femme », tout en demandant « une véritable loi humaine en matière de fin de vie » qui « place le mourant au centre des décisions ».

L’association pro-vie Alliance Vita a de son côté rappelé que cette relaxe « ne constitue pas une validation jurisprudentielle du suicide assisté ».

Lors de l’audience en appel, Jean Mercier avait raconté que le 10 novembre 2011 son épouse de 83 ans, Josanne, qui souffrait d’arthrose lombaire et venait de se casser le poignet, lui avait demandé « d’apporter des médicaments » et de la morphine, et de l’aider à les décapsuler. Il avait attendu son dernier souffle et appelé un médecin.

La loi française autorise depuis 2016 la « sédation profonde et continue » jusqu’à la mort, une administration de substances anti-douleur qui s’apparente à un droit à être endormi sans être réveillé, pour les malades déjà en phase terminale. Elle n’autorise pas l’euthanasie ni le suicide assisté.