Des employés du laboratoire pharmaceutique israélien Teva rassemblés devant l’usine de Ne’ot Hovav, au sud de Beersheba, en Israël, le 14 décembre, avant l’annonce des suppressions de postes. / MENAHEM KAHANA / AFP

Opération survie pour Teva, le numéro un mondial des médicaments génériques. En grande difficulté après l’acquisition désastreuse d’Actavis aux Etats-Unis et une affaire de corruption, l’industriel israélien a dévoilé, jeudi 14 décembre, un plan destiné à comprimer ses coûts comme jamais pour regagner la confiance des investisseurs. Objectif atteint dans l’immédiat : l’annonce des restructurations a été saluée par un bond de 14,5 % de l’action Teva, jeudi à la Bourse de New York.

Le plan mis au point par Kåre Schultz, le manager danois appelé à la rescousse en septembre, paraît en effet drastique. Déterminé à limiter toutes les dépenses, le nouveau patron de Teva – le sixième en cinq ans – va mettre les actionnaires au régime sec. Ils ne toucheront aucun dividende au titre de 2017, année noire qui devrait s’achever sur une perte voisine de 3,5 milliards d’euros.

Cure d’amaigrissement

Mais ce sont les salariés qui vont payer le plus lourd tribut. L’ancien fleuron israélien prévoit de supprimer 14 000 postes en deux ans, correspondant à 25 % de l’effectif. La majorité des licenciements devrait être lancée dès le début 2018. « Tous les secteurs et toutes les régions (du monde) seront affectés », a prévenu le PDG, sans plus de précision. En Israël, où le premier ministre Benjamin Nétanyahou a demandé à M. Schultz de faire son maximum pour épargner le personnel, 1 750 salariés devraient néanmoins perdre leur poste, selon la centrale syndicale Histadrout. Une grève d’une demi-journée est prévue dimanche.

La cure d’amaigrissement ne s’arrêtera sans doute pas là. M. Schultz entend aussi fermer ou vendre un « nombre significatif » de sites de production et de recherche, partout dans le monde, ce qui réduira encore l’effectif total. Quant aux salariés appelés à rester dans l’entreprise, ils ne toucheront aucun des bonus qu’ils pouvaient espérer cette année.

Grâce à ces mesures, M. Schultz espère réduire ses dépenses annuelles de 3 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros), soit environ 19 %, d’ici la fin 2019. A court terme, cependant, le plan coûtera 700 millions de dollars.

La question de la stratégie reste entière

En taillant violemment dans les frais fixes, le nouveau patron de Teva veut faire en sorte que le laboratoire, lourdement endetté, puisse « honorer tous ses engagements financiers ». Il s’agit d’éviter un défaut de paiement et de redonner espoir aux actionnaires, alors que le titre a touché en novembre son plus bas niveau depuis 15 ans.

Mais au-delà de ces mesures d’urgence, la question de la stratégie reste entière. Teva doit-il tout miser sur les copies de médicaments tombés dans le domaine public, ou conserver plusieurs métiers ? Comment croître et gagner de l’argent dans les génériques, un marché où une poignée de grands acheteurs impose des prix toujours plus bas ? M. Schultz n’en est qu’au début de la tâche.