Pour la SNCF, quel que soit le tarif, trouver un train le samedi 23 décembre relève aujourd’hui de l’impossible. / CC 2.0 by François Schnell

En cette année où le début des vacances universitaires coïncide avec le week-end de Noël, être de retour dans sa famille à temps pour le fêter n’est pas évident. « J’avais regardé les billets de train il y a un mois, ça coûtait déjà plus de 100 euros », se souvient Emma, étudiante à Sciences Po Nancy. C’est le mode de transport qu’elle préfère pour rentrer chez ses parents, près de Lille, en trois heures trente, contre cinq heures de covoiturage, auxquelles il faut ajouter le temps pour se rendre au point de rendez-vous, tout en veillant à ne pas être trop chargé.

Le covoiturage, Agathe ne l’a pas vraiment envisagé. Pour rejoindre la région parisienne depuis Montpellier, où elle étudie les arts plastiques, cela prendrait sept à huit heures. Elle avait donc choisi le train. Mais elle a dû attendre d’avoir les dernières dates de partiels pour pouvoir réserver, à seulement deux semaines de l’échéance.

« Finalement, comme je peux partir le mardi, je m’en sors pour 81 euros aller et retour, en prenant des trains en soirée et grâce à la carte Jeune », explique Agathe, qui a également utilisé des avantages fidélités. Il lui est déjà arrivé de prendre l’avion, qui parfois se révèle moins cher que le train, mais tout de même très chronophage. « L’aéroport de Montpellier est assez excentré, comme ceux de Paris, ça ajoute donc du temps de trajet, sans compter que ma famille vit en région parisienne. »

Si Agathe a réussi a s’en sortir pour un trajet à moindres frais, d’autres ont dû faire des concessions. « Entre un billet à 35 euros et un autre à 95 euros, je n’ai pas hésité longtemps. Ça m’embête de rater un jour de cours, mais je ne voyais pas trop comment faire autrement. »

Réservations compliquées pour les abonnés TGV Max

Benjamin, étudiant en master de journalisme à Lille, a ainsi choisi de partir dès mercredi, alors que ses cours s’achèvent jeudi soir. Depuis la rentrée, en septembre, il n’a pas pu rentrer voir sa famille à Béziers à cause, d’une part de la longueur du trajet et surtout des prix.

« J’avais mis un réveil à minuit cette nuit-là, et ça n’a servi à rien »

Les réservations de train ont été particulièrement compliquées pour les abonnés TGV Max. Lancée en janvier, cette offre de la SNCF réservée aux 16-27 ans, leur propose de « voyager en illimité pour 79 euros par mois ». Une partie des 96 000 abonnés s’est plainte sur les réseaux sociaux de ne pas obtenir de place, alors qu’ils s’y étaient pris dès l’ouverture des réservations, trente jours avant le départ. « J’avais mis un réveil à minuit cette nuit-là, et ça n’a servi à rien : c’est comme s’il n’y avait eu aucune place TGV Max. » Ne voulant pas payer un billet à prix fort pour le trajet Paris-Strasbourg en plus de son abonnement mensuel, elle s’est finalement arrangée pour rentrer en voiture avec son oncle.

Laura, étudiante en communication à Montpellier, a fait preuve d’ingéniosité pour rejoindre sa famille à Mulhouse, sur les conseils d’un internaute. « Je m’y suis prise un jour après l’ouverture des réservations, il n’y avait plus rien, se souvient l’étudiante de 24 ans. J’ai posté un message sur Twitter adressé à la SNCF et un internaute m’a conseillé de scinder mon trajet en plusieurs trains. » Elle se retrouve donc avec plusieurs réservations : Montpellier-Lyon, Lyon-Dijon, Dijon-Mulhouse, parfois en changeant seulement de place dans le même train.

« Depuis que je suis abonnée, je suis satisfaite de TGV Max. Je n’ai eu aucun problème, mais c’est vrai que pour Noël c’est très compliqué. J’hésite encore à faire un autre trajet pour le Nouvel An, parce que j’ai atteint le nombre maximum de réservations et que je ne suis pas certaine d’avoir un billet retour. »

L’étudiante regrette qu’aucun système d’alerte par e-mail ait été mis en place pour signaler aux usagers quand des places TGV Max supplémentaires sont créées.

Pour la SNCF, il s’agit là d’un problème de dates : quel que soit le tarif, trouver un train le samedi 23 décembre relève aujourd’hui de l’impossible. « Ce n’est pas nous qui avons choisi que le week-end de Noël coïncide avec le début des vacances, se défend Pierre Matuchet, directeur marketing et systèmes d’information de la SNCF. Ça sera partout pareil, les autoroutes aussi seront saturées. » Et d’ajouter : « On n’a jamais prétendu que cette offre TGV Max permettait d’avoir le train du vendredi 18 heures que tout le monde veut prendre. »

Pour ceux qui peuvent décaler leur départ, la SNCF précise néanmoins que des places supplémentaires TGV Max seront ouvertes à J-3 dans les trains qui ne sont pas encore complets. En attendant, certains usagers, comme Tiphaine, envisagent de résilier leur abonnement.

A consulter : le site open data des offres TGV Max.