Série documentaire sur Arte à 20 h 55

Trois villes à la conquête du monde : Amsterdam, Londres, New York (1/4) - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Où l’on apprend que les édits d’exclusion de l’Eglise catholique ont « inventé » le capitalisme, que la station debout dans les pubs permet de glaner de ­précieuses informations, ou que l’ascenseur a été le complice de ­l’élévation urbaine. Réalisée par Frédéric Wilner, la série documentaire Amsterdam, Londres, New York : trois villes à la conquête du monde déroule, non sans quelques longueurs, la chronologie des luttes commerciales, financières et économiques nées entre ces cités il y a quatre cents ans.

Au début du XVIIe siècle, le ­Portugal contrôle le commerce des épices avec l’Asie. Les jeunes Provinces-Unies des Pays-Bas ­contestent ce monopole. Créée en 1602, la Compagnie hollandaise des Indes orientales (AVOC, en néerlandais) choisit une voie singulière pour se développer : ouvrir son capital. Les premiers actionnaires : des migrants fuyant les guerres de religion qui sévissent en Espagne. La durée d’immobilisation de ces opérations étant jugée trop longue, des négociations finissent par s’opérer à Amsterdam, dans ce qui a été la première bourse aux actions de l’Histoire.

Quand New York entre dans la danse

A la même époque, Londres est un centre marchand en plein ­développement. Dans un pub, le marin britannique Henry Hudson aurait scellé son entrée au sein de l’AVOC. Echouant à joindre l’Asie en passant par le nord-est, il fait cap vers l’ouest, touche les côtes américaines et s’engouffre dans un fleuve qui portera son nom : l’Hudson. New York va pouvoir entrer dans la danse.

Face à un fort afflux de population, Amsterdam, de plus en plus prospère, conçoit le premier plan d’urbanisme en Europe. Le sous-sol étant gorgé d’eau, la ville se ­bâtit sur des dizaines de milliers de pieux en bois. Avant l’heure aussi, elle applique un principe de zonage qui distingue les quartiers selon leurs usages.

Squares, trains et ascenseurs

En 1655, sous l’impulsion de Lord Cromwell, le retour en Angleterre des juifs, chassés en 1290, relance l’activité bancaire à Londres. Une décennie plus tard, La Nouvelle-Amsterdam, future New York, cède sous la pression anglaise. Peu de temps après, la capitale britannique, qui subit un terrible incendie, démontre sa capacité de résilience. Ce drame relancera sa forme urbaine et sa manière de faire du « business ».

Les Anglais inventent les squares, une formule foncière astucieuse, capable de créer une illusion de luxe autour d’un carré de verdure. Haute bourgeoisie et classes moyennes adoptent ce ­modèle, tandis qu’à Amsterdam, l’art entre dans les maisons. Mais, à l’orée du XVIIIe siècle, le siècle d’or s’éteint en même temps que l’influence batave sur le monde. ­Londres et New York font seules leur entrée dans la modernité.

La City à Londres en 2015 / © Iliade Productions

A la fin du XVIIe siècle, victime à son tour d’un grand incendie, New York renaît de ses cendres. Tandis que le canal de l’Erié qui prolonge l’Hudson fait exploser son potentiel commercial, elle adopte le principe urbain de la grille. Ce fractionnement, toujours en vigueur, facilite les mécanismes d’échanges et de spéculation fonciers. ­Entre 1810 et 1860, New York multiplie par huit sa population, qui atteint 800 000 habitants.

A Londres, alors ville la plus peuplée du monde, la révolution ­industrielle bat son plein. Les premières compagnies de chemin de fer y installent leurs ­terminus. Pour les relier, un anneau ferroviaire souterrain sera construit : le métro est né… Pendant ce temps, au-delà de l’océan, Elisha Otis vante « la voiture ­verticale ». L’ascenseur va célébrer ses noces avec la fonte, puis l’acier : la hauteur des édifices est sans limite. Les gratte-ciel de New York, qui dessinent la silhouette urbaine de la ville, ont de beaux jours devant eux.

Trois villes à la conquête du monde, de Frédéric Wilner (Fr., 2017, 4 × 55 min).