Il est possible de valider la première année commune aux études de santé sans pour autant entrer dans le « numerus clausus ». / Camille Stromboni / Le Monde

« Sur le coup, rater médecine semble un terrible échec. Mais cela peut aussi donner la chance de découvrir des filières dont on ne soupçonnait pas l’existence. » Cette remarque, Jules Revais ne la lance pas à la légère. « Reçu-collé » en 2012 en médecine – c’est-à-dire ayant validé la première année commune aux études de santé (Paces) sans faire partie du numerus clausus fixé par le concours –, il a en effet profité d’une passerelle vers Polytech Lyon et rejoint une formation d’ingénieur.

Lui qui avait justement hésité en terminale avec un DUT en physique a finalement pu satisfaire dans cette école son intérêt pour la technique. De plus, au gré des spécialisations, Jules Revais a renoué avec l’univers médical. « Qu’il s’agisse de concevoir des poches à perfusion biocompatibles ou des prothèses en fibre de carbone, les ingénieurs en matériaux sont aujourd’hui très recherchés », note-t-il. Diplômé dans ce domaine en 2016, le voilà qui travaille désormais dans une PME grenobloise au développement de nouveaux produits d’orthopédie, comme des attelles ou des corsets.

Des filières proches ou tout aussi prestigieuses

« Il y a énormément de métiers qui gravitent autour des soins et donc bien plus d’opportunités de participer à l’univers médical qu’on ne l’imagine en terminale », conclut le « reçu-collé » de 2012. Un constat partagé par Abigaïl Latin, aujourd’hui en quatrième année à UniLaSalle, à Beauvais. Si elle a eu du mal à faire le deuil de son premier rêve, l’élève ingénieure de 22 ans a trouvé dans cette école d’ingénieurs en agronomie, agroalimentaire, géologie et environnement la stimulation intellectuelle qu’elle recherchait, ainsi que la possibilité d’œuvrer pour la santé à travers les questions d’alimentation. Avec, en prime, une ouverture internationale.

« On a tendance à se dévaloriser alors qu’on a les moyens de réussir ailleurs. » Hoani Martin, étudiante en neuropsychologie

« Je n’aurais pas pu faire d’échange universitaire en Thaïlande et aux Etats-Unis si j’étais restée en fac de médecine », note Abigaïl Latin. Et puis, affirme-t-elle, son passage en Paces lui a permis d’acquérir des méthodes de travail fort utiles pour la suite. « Après un échec en médecine, on a tendance à se dévaloriser alors qu’on a tout à fait les moyens de réussir ailleurs. En troisième année de psycho, j’ai d’ailleurs été major de promotion », glisse Hoani Martin, étudiante en master de neuropsychologie et neuro-imagerie. « Au lycée, je croyais que la psychologie ressemblait à la philosophie, raconte-t-elle. C’est lors d’une conférence en Paces que j’ai découvert que la discipline permettait aussi de se pencher sur les liens entre le fonctionnement du cerveau et le comportement humain. » Quand elle a vu que l’université de Bordeaux avait créé un accès en deuxième année de licence dédié aux reçus-collés, Hoani Martin n’a donc pas hésité une seule seconde.

En effet, les écoles d’ingénieurs et les facs de physique, chimie ou biologie ne sont pas les seules à s’intéresser à ces profils d’élèves sérieux. Des filières en sciences humaines et sociales leur tendent aussi la main. A l’université de Montpellier, Emma Illac a pu suivre un parcours aménagé pour raccrocher avec un cursus juridique classique. « Les matières enseignées touchaient à la vie de tous les jours, je me suis tout de suite sentie bien plus à ma place qu’en médecine », conclut-elle. Son master de droit pénal en poche – avec mention –, elle rêve déjà d’autres concours, comme celui de l’Ecole nationale de la magistrature. Preuve que les mauvais souvenirs de la Paces sont déjà loin.