Le président de la région PACA, Renaud Muselier, le 29 mai 2017 à Marseille. / BORIS HORVAT / AFP

Au Front national, on raille la possible « grande alliance des aigris, des divers droite, de ceux qui trouvent le FN trop à gauche, des Patriotes et du CNIP ». Mais on s’inquiète tout de même. Le parti d’extrême droite pourrait voir une partie de ses troupes faire sécession au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) pour former un groupe dissident.

Elisabeth Philippe, qui a quitté le FN à l’automne 2016, négocie en effet depuis plusieurs semaines avec le cabinet du président (Les Républicains) du conseil régional, Renaud Muselier, pour qu’il réduise, de 10 à 7, le nombre d’élus nécessaire pour constituer un groupe. Ce qui permettrait de réunir des non-inscrits et d’inciter des frontistes à entrer en dissidence. « Nous avons besoin de moyens et surtout de nous exprimer sur les dossiers de la région », avance-t-elle.

L’affaire semble bien engagée, puisque l’abaissement du seuil pourrait être voté à l’occasion de la prochaine session plénière, en mars 2018. « Cela confirmerait ouvertement les fractures au sein du FN. Renaud Muselier en serait ravi », avance Jean-Philippe Ansaldi, le directeur de cabinet du président de la région PACA. « C’est une manip’ de M. Muselier contre son opposition, dénonce de son côté Frédéric Boccaletti, le président du groupe FN. J’ai proposé qu’on abaisse le seuil à trois ou à cinq, tant qu’à faire, ça tangue un peu dans sa majorité. »

« Liberté de parole absolue »

Plusieurs frontistes seraient prêts à embarquer dans cette équipée, dont des proches – ou revendiqués comme tels – de Marion Maréchal-Le Pen, l’égérie locale de l’extrême droite, qui s’est mise dans une retraite provisoire. Parmi eux se trouvent le maire de Cogolin (Var), Marc-Etienne Lansade, et l’élu municipal niçois Olivier Bettati – le premier a quitté le FN, quand le second a rejoint le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), avec en ligne de mire l’espoir de former un ticket avec Eric Ciotti (LR) aux prochaines élections municipales, à Nice. « Le départ de Marion Maréchal-Le Pen permet à ceux qui étaient venus pour elle de se sentir libérés, estime un élu en rupture de ban. Nous ne devons rien à personne et avons une liberté de parole absolue. Mais rien n’est fait. »

Le groupe serait estampillé « divers droite, pas étiqueté », assure un autre élu. Selon Mme Philippe, « il y aura aussi un élu républicain qui ne s’est pas encore dévoilé », ainsi que Jeannine Douzon, une ralliée du parti Les Patriotes de Florian Philippot. La conseillère régionale prévient donc qu’à ses yeux l’initiative n’est pas destinée à servir les intérêts de Mme Maréchal-Le Pen, son ancienne présidente de groupe. « Avec Marion Maréchal-Le Pen, cela n’a jamais été non plus un groupe très soudé. Pas de convivialité. C’est une petite princesse née avec une cuillère en argent dans la bouche », estime-t-elle. A défaut de se réunir sur le fond, ils pourraient y parvenir contre le Front.