Au moins 267 000 personnes, « essentiellement des femmes », ont été victimes d’atteintes sexuelles en 2014 et en 2015 dans les transports en commun en France, selon une estimation « basse » de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée mercredi 20 décembre.

Précisément, « près de 160 000 personnes ont subi des gestes déplacés (notamment des baisers forcés ou des caresses), plus de 110 000 ont subi des exhibitions et plus de 16 000 ont subi d’autres actes tels que des attouchements sexuels, des rapports sexuels ou tentatives de rapports sexuels non désirés », poursuit l’ONDRP. Selon l’organisme, 44 % des victimes l’ont été à plusieurs reprises.

Ces chiffres proviennent de l’enquête « Cadre de la vie et sécurité », réalisée chaque année par l’ONDRP en partenariat avec l’Insee puis avec le service de statistique du ministère de la sécurité intérieure, dans laquelle entre 11 000 et 14 000 personnes de 18 à 75 ans ont été interrogées. Les résultats ont ensuite été extrapolés pour avoir une estimation nationale.

« Délit d’outrage sexiste »

Ce phénomène « se manifeste essentiellement en Ile-de-France », puisque plus d’une femme victime d’atteintes sexuelles dans les transports en commun sur deux est francilienne (60 %). La quasi-totalité des victimes (94 %) ne connaît pas les auteurs des atteintes, poursuit l’étude, relevant que « les jeunes femmes » sont particulièrement exposées.

Et d’après l’ONDRP, ce phénomène « pourtant traumatisant pour les victimes » reste encore mal connu. A la fin de novembre, dans la foulée de la libération de la parole, née de l’affaire Weinstein, Emmanuel Macron a décrété l’égalité hommes-femmes « grande cause du quinquennat ».

Le président de la République avait annoncé la création d’un « délit d’outrage sexiste » passible d’une amende « dissuasive » contre le harcèlement de rue. La future police de sécurité du quotidien (PSQ), qui doit être expérimentée à partir de janvier, « aura dans ses priorités la lutte contre le harcèlement et en particulier dans les transports », avait assuré mi-octobre M. Macron.