Marion Bartoli lors de la conférence de presse ayant suivi l’annonce de son retour. / BERTRAND GUAY / AFP

« Je reviens ! » Quatre ans après avoir remisé ses raquettes à la surprise générale, quelques mois à peine après avoir remporté le tournoi de Wimbledon, Marion Bartoli a annoncé mardi 19 décembre son retour prochain sur les courts de tennis. Un pari osé pour la joueuse, qui avait annoncé sa retraite arguant que son « corps [n’arrivait] plus à tout supporter ».

A 33 ans et ayant surmonté de nombreuses épreuves, l’ancienne no 7 mondiale – son meilleur classement atteint en janvier 2012 – vise un retour dans le circuit professionnel en mars prochain.

  • Pourquoi revenir ?

« Je suis toujours entière dans mes décisions et je ne reviens pas en arrière. Je ne changerai pas d’avis. » En 2013, à l’idée de s’inscrire dans la lignée des Martina Hingis, Kim Clijsters ou Justine Hénin – entre autres – revenues sur le circuit professionnel après une retraite, l’Auvergnate avait tranché. Sa décision était irrévocable. Mais la très difficile année 2016 vécue par Marion Bartoli l’a convaincue de revenir sur sa décision et les courts.

Perclue de blessures, à commencer par une épaule douloureuse à chaque service, la Française avait jeté l’éponge quelques mois après avoir soulevé son Graal, un trophée du Grand Chelem, sur le gazon londonien. Mais l’année 2016, où elle a été confrontée à de graves problèmes de santé – une très forte perte de poids due à un virus ayant nécessité une hospitalisation – lui a rappelé l’importance qu’avait le tennis pour elle. « Je pensais que le tennis était le plus ardu dans ma vie, mais ce n’était rien en fait. Rien à côté de ce que j’ai vécu en 2016. Et le tennis m’a aidé à me sentir mieux », confie-t-elle dans une vidéo publiée par la WTA après son annonce de reprise.

Invitée sur RMC mercredi, Bartoli a raconté « la genèse » d’un retour mûrement réfléchi.

« Elle provient du jour le plus difficile de ma vie, que j’ai vécu pendant Wimbledon en 2016, juste avant que je ne sois hospitalisée. J’avais atteint le poids de 41 kilos et je n’avais pas eu le feu vert du staff médical pour disputer un double du Tournoi des légendes (…). Mon cœur battait trop lentement et ils avaient peur que je fasse un arrêt cardiaque sur le terrain. Ce jour-là, je me suis juré que si j’avais la chance d’être à nouveau en bonne santé, je reviendrai tenter de finir ce que je n’ai pas pu faire en 2013. »
  • Quels sont ses objectifs ?

« Je me suis fixé trois objectifs, a expliqué la joueuse à Eurosport – chaîne sur laquelle elle est consultante – Le premier c’est remporter la Fed Cup. Mon deuxième, c’est de jouer les Jeux olympiques. Et bien évidemment, essayer de gagner un autre Grand Chelem. »

En mettant la priorité sur l’équipe de France, c’est une Bartoli nouvelle qui se révèle. Avec les Bleues, la joueuse a longtemps dansé le tango du « je t’aime, moi non plus », ne mettant jamais le maillot bleu au premier plan. Entamée en 2004, sa carrière internationale a été interrompue pendant près de dix ans en raison d’un conflit avec la Fédération française de tennis (FFT).

Pour la joueuse, entraînée par son père, il était impensable que ce dernier ne l’accompagne pas lors des rencontres de Fed Cup. Des desiderata rejetés par la FFT, qui l’ont également privée des Jeux olympiques de Londres. Ce n’est qu’en 2013, peu avant sa retraite, qu’elle est réapparue sous le maillot bleu, signant deux succès en simple face au Kazakhstan.

« Je pense qu’on peut vraiment avoir l’équipe pour gagner cette Fed Cup », a souligné la joueuse, comparant une éventuelle victoire avec un titre du Grand Chelem.

  • Existe-t-il des précédents ?

Le retour prochain sur les terrains de Marion Bartoli n’est pas un cas à part dans l’histoire récente du tennis mondial. A commencer par la Suissesse Martina Hingis, qui avait choisi de raccrocher les raquettes en 2002, à l’âge de 21 ans, en raison de blessures à répétition. Revenue trois ans plus tard, l’ancienne no 1 mondiale n’a pas ajouté de nouveau tournoi du Grand Chelem à son palmarès, mais elle est redevenue l’une des meilleures joueuses du monde.

De même, les deux Belges Justine Hénin et Kim Clijsters ont toutes deux réussi leur « come-back », la seconde redevenant même no 1 mondiale et s’adjugeant l’US Open et l’Open d’Australie après son retour.

  • Peut-elle y revenir à son niveau ?

Revenue au Centre national d’entraînement du tennis français depuis l’automne – à l’époque elle balayait les rumeurs de retour en affirmant se remettre en forme – la joueuse aurait impressionné par son niveau de jeu. Ayant quitté le circuit mondial au sommet (ou presque), elle n’a, semble-t-il, rien perdu de ses qualités tennistiques. Mais parviendra-t-elle à revenir au niveau physiquement ?

Ayant connu une très grande fluctuation de poids en raison de sa maladie – sur laquelle elle ne se confie guère –, Marion Bartoli s’astreint à une remise en forme depuis quelques mois. De là à la voir d’entrée de jeu redevenir la joueuse triomphante qui avait tiré sa révérence au sommet de l’affiche, il y a un fossé difficile à franchir.

« Ça dépend de ce qu’on entend par revenir. Revenir oui, mais à quel niveau ? interroge Patrick Mouratoglou dans un entretien à L’Equipe. Si c’est revenir top 100, je pense que c’est possible. Gagner un Grand Chelem, ce n’est pas la même histoire. » Et l’entraîneur de Serena Williams de conseiller à la joueuse de progresser par étapes.

A 33 ans, la Française aux huit titres WTA en carrière reste plus jeune que trois des quatre demi-finalistes de l’Open d’Australie l’an passé. Mais la route sera longue si elle veut atteindre à nouveau les sommets, et la joueuse le reconnaît : « Je suis une autre personne et une autre joueuse et je n’aurai peut-être pas les résultats que j’ai eus. »