Depuis juillet, l’aide aux victimes a un nouveau visage, celui d’Elisabeth Pelsez, magistrate, déléguée interministérielle, rattachée au ministre de la justice. Elle livre ses ambitions sur la politique à mener pour prendre en compte dans la durée les problématiques rencontrées par les victimes.

Quel était votre diagnostic sur le travail réalisé par vos prédécesseurs ?

En prenant mes fonctions, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup à faire, que de nombreux chantiers devaient être poursuivis, mais que beaucoup avait déjà été fait. J’ai souhaité m’inscrire dans cette dynamique, dans la lignée des avancées obtenues après les attaques de 2015, qui ont par exemple permis la création de comités locaux de suivi des victimes d’attentat, et que nous avons généralisés à toutes les victimes.

En écoutant les associations de victimes, j’ai constaté que leurs problématiques évoluaient dans le temps. Il a fallu établir de nouvelles priorités, comme celle de répondre aux besoins de reconversion des victimes, en mettant en place une formation professionnelle adaptée.

Le statut de victime est-il suffisamment reconnu ?

Depuis une dizaine d’années, la problématique des victimes est au cœur des préoccupations de l’Etat, apparaissant comme une évidence. Ces dernières années, des phénomènes nouveaux sont apparus. Je pense évidemment aux attentats, mais aussi aux accidents collectifs, ou aux catastrophes sanitaires.

La prise en charge des victimes est l’affaire de tous. Si les causes du statut de victime sont diverses, j’ai pu constater qu’il y avait des similitudes dans ce qu’elles pouvaient traverser et les étapes de résilience sont identiques. C’est notamment pour cela que les nombreux travaux réalisés après les attentats du 13-Novembre seront utiles à d’autres, notamment s’agissant de la prise en charge du stress post-traumatique. Les attentats ont également permis d’aller plus loin dans la reconnaissance des droits des victimes et il faut poursuivre dans ce sens.

Les associations se sont inquiétées de voir l’aide aux victimes délaissée du fait de la suppression du secrétariat d’Etat. Estimez-vous avoir suffisamment de moyens ?

Je travaille avec huit personnes, bientôt neuf. Ce sont les mêmes effectifs que ceux dont bénéficiait le secrétariat général aux victimes. A cela s’ajoutent des référents nommés dans chaque ministère, véritables points d’appui pour porter les mesures. Sans compter que le président de la République et le premier ministre considèrent l’aide aux victimes comme une problématique au cœur des préoccupations de l’Etat.