Le dalaï-lama, le 8 décembre à Bombay. / DANISH SIDDIQUI / REUTERS

La visite en Chine du professeur Samdhong Rinpoché, ex-chef du Parlement tibétain en exil et émissaire du dalaï-lama, nourrit les spéculations sur un éventuel voyage du chef spirituel tibétain au mont Wutai, une montagne sacrée bouddhique chinoise située dans la province du Shanxi. Des rumeurs de discussions informelles sur le sujet avaient surgi en 2014 et 2015, mais étaient restées sans suite. Ce souhait a plusieurs fois été évoqué par le dalaï-lama.

Samdhong Rinpoché a été désigné début novembre émissaire du dalaï-lama, peu avant son voyage en Chine, qui n’a été dévoilé que début décembre. Selon la presse tibétaine en exil, il se serait rendu à Kunming et Gyeltang, sa région natale dans les zones tibétaines de la province chinoise du Yunnan, pour y voir de la famille. Ce déplacement discret aurait été facilité par You Quan, le nouveau directeur du Front uni, le département du Parti communiste chinois qui supervise les affaires tibétaines, avait révélé dans une tribune, le 4 décembre, un chercheur indien, Phunchok Stobdan, de l’Institute for Defence Studies and Analyses à New Delhi.

Ouverture possible avec Xi Jinping

Dans un probable souci de discrétion, l’émissaire a lui-même démenti que ce voyage ait eu lieu, mais il a été évoqué par l’actuel président de l’administration en exil, Lobsang Sangay, et nous a été confirmé par un proche de l’entourage du dalaï-lama.

Si des pourparlers reprenaient, ils mettraient fin à un hiatus de sept ans. Les dernières discussions étaient dans l’impasse depuis le soulèvement tibétain de 2008 et furent formellement interrompues en 2010. La partie tibétaine demandait alors une « autonomie réelle » pour le Tibet.

Le retour du dalaï-lama au Tibet est la revendication première des Tibétains qui manifestent contre Pékin. Un pèlerinage en Chine pourrait être un test. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, le dalaï-lama a pris soin de ne pas critiquer frontalement le numéro un chinois, dont il avait rencontré le père, Xi Zhongxun, dans les années 1950. Celui-ci avait en outre eu un rôle dans des pourparlers en 1987.

Cette filiation a longtemps suscité des espoirs dans la diaspora. Ils se portent aujourd’hui sur le second mandat de M. Xi. Le chef de l’Etat chinois, veulent croire certains, pourrait être prêt à des concessions maintenant qu’il a consolidé son pouvoir. Mais l’anniversaire des dix ans, en mars 2018, du soulèvement tibétain de 2008 pourrait aussi inciter Pékin à faire miroiter une solution, afin de prévenir toute agitation, estime, à Pékin, un observateur tibétain de la politique chinoise au Tibet.