Un cliché posté sur Facebook par son frère Sven le montre torse nu sur une plage, un tigre en peluche brandi fièrement à bout de bras. L’ovale de son visage est cerclé par des cheveux courts et une barbe naissante. « Avec Nono », mentionne sobrement la légende. C’est ainsi que ses proches surnomment Nordahl Lelandais, 34 ans, principal suspect des deux plus mystérieuses enquêtes judiciaires ayant défrayé la chronique ces derniers mois dans les Alpes. Il a été mis en examen, mercredi, pour l’assassinat d’un jeune militaire.

Depuis sa première garde à vue dans l’affaire de la disparition de Maëlys, 9 ans, le 31 août, le profil de l’ancien maître-chien et militaire domicilié en Savoie, à Domessin, intrigue par son ambivalence. La sérénité affichée lors des interrogatoires par le trentenaire et son sang-froid à se jouer de ses interlocuteurs ont glacé les enquêteurs. « Sa personnalité nous intéresse grandement. Il est peu de dire qu’elle est au cœur de l’enquête », rapporte un bon connaisseur du dossier de la petite Maëlys.

Pour sa famille, Nordahl Lelandais est ce « tonton » sensible et souriant, un peu bagarreur mais « inoffensif », comme le soulignera un ami dans la presse. D’autres, comme ses ex-compagnes ou d’anciens employeurs, dépeignent au contraire un portrait autrement plus ombrageux de cet adepte de vitesse et de sports de combats, capable de « manipulations », « d’intimidations » et de « violences ».

« Comportement psychologique instable »

Elevé dans un milieu modeste par ses parents aujourd’hui retraités, Nordahl Lelandais intègre les rangs de l’armée de terre en 2002, alors qu’il a 19 ans. L’adolescent, « un peu marginal » et rompu à l’échec, est passionné de chiens et de dressage. Mais après cinq ans passés au 132e bataillon cynophile de Suippes, dans la Marne, il est réformé pour « comportement psychologique instable ». Son addiction aux stupéfiants, qu’il continuera à « dealer » jusqu’à son incarcération, signe également son renvoi.

De retour en Savoie, il lance sans succès une société d’élevage canin, puis apparaît dans les radars de la justice pour l’incendie volontaire d’un restaurant en Isère en octobre 2008. Il écope d’un an de prison ferme, une peine aménagée qu’il purgera avec un bracelet électronique.

Avant qu’il ne soit arrêté et mis en examen, Nordahl Lelandais avait été contraint de regagner le domicile de ses parents dans un village savoyard en raison d’une double hernie discale, apparue après une série de petits boulots en intérim grâce auxquels il s’était « rangé ». C’est là, le 3 septembre, qu’il a été appréhendé par les gendarmes.