C’est la fin de près de vingt ans d’enquête. Les juges antiterroristes français ont clos, mercredi 20 décembre, l’enquête sur l’attentat de 1994 contre le président rwandais Habyarimana, considéré comme le déclencheur du génocide qui fit 800 000 morts (essentiellement parmi la minorité tutsi), a rapporté jeudi l’Agence France-Presse, de source judiciaire proche du dossier.

Il revient, désormais, au parquet de Paris de réclamer aux juges la tenue d’un procès ou l’abandon des poursuites contre les sept personnes mises en examen, issues du clan de l’actuel président rwandais, Paul Kagame.

Une décision « logique et inéluctable »

Le soir du 6 avril 1994, l’avion de Juvénal Habyarimana, un Hutu, avait été abattu par au moins un missile. Alors qu’au Rwanda une commission d’enquête a imputé la responsabilité de l’attentat aux extrémistes hutu qui voulaient se débarrasser d’un président jugé trop modéré, une information judiciaire avait été ouverte en 1998 à Paris après la plainte des familles de l’équipage, composé de Français.

Jean-Louis Bruguière, le premier juge saisi, privilégiait, lui, l’hypothèse opposée d’un attentat commis par l’ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), dirigée par Paul Kagame. Les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été rompues après l’émission en 2006 de neuf mandats d’arrêt contre des proches du président rwandais. Puis rétablies après la mise en examen de sept d’entre eux en 2008 et 2010.

La décision des juges « est logique et inéluctable, compte tenu des obstructions diplomatiques et politiques » du Rwanda notamment, a réagi Me Philippe Meilhac, avocat de la veuve Habyarimana. « Les parties civiles attendent avec confiance la décision qui sera prise par le juge. »