S’il est un peu limité, Cozmo est tout de même capable d’apprendre de nouveaux tours. Mais seuls les plus grands sauront les programmer. / ANKI

Moins intrusif qu’une peluche CloudPets et plus chaleureux qu’un Tamagochi, le petit Cozmo est de ces jouets qu’il est tentant, à l’approche de Noël, de glisser sous le sapin. Cozmo, quèsaco ? C’est un petit robot intelligent, capable de se promener, de reconnaître son propriétaire et d’interagir avec son environnement. Il coûte actuellement 180 € et est disponible par exemple sur Amazon ou à la Fnac. Récit de trois jours passés avec le robot le plus mignon qui soit.

18 décembre, la découverte

Voilà quelques semaines que Cozmo traîne à la rédaction dans son carton. Toute tentative de vouloir tester l’engin s’est jusqu’ici soldée par des regards noirs de collègues, lassés au bout de quelques secondes de l’entendre rouler sur mon bureau. Parce que Cozmo est certes tout petit (10 centimètres de long, 5 cm de large et 7 cm de haut), mais aussi bruyant. Difficile de faire abstraction du bruit de son moteur et de ses chenilles. Et il est bavard, le bougre. Mais Noël approche. Et l’heure du test se fait plus pressante. Alors au diable le calme de l’open space : voilà Cozmo libéré de son emballage.

Comme prévu, il tient dans une main (d’adulte), et comme deviné sur les visuels officiels, il affiche une petite bouille de second rôle dans Wall-E. Sorte de minitractopelle mignonne, Cozmo possède un écran en guise de visage. S’y affichent ses yeux, souvent curieux, parfois rieurs, ou contrariés quand il se fâche. Il se met facilement en service : il suffit de le laisser charger sur une base (branchée en USB), et de le démarrer à distance avec une application pour smartphone iOS et Android.

Une fois connecté à mon téléphone, Cozmo se met en branle. L’air mal réveillé, il descend de sa base et commence à explorer mon bureau. Il butte un peu sur une pile de livres ou contre mon écran, mais évite plutôt bien de basculer par-dessus bord. Cela dit, ce qui l’intéresse surtout, ce sont ses trois « power cubes », des cubes en plastique sur lesquels figurent d’étranges signes cabalistiques qui changent de couleur. Avec son bras mécanique, il peut en effet les faire rouler ou les soulever.

Mais Cozmo n’est pas un ingrat. Il sait ce qu’il doit à l’humain qui l’a extirpé de son carton. Ainsi, il me fixe quelques secondes, avant de prononcer, hésitant, un craquant « Coren-tin ». Emus, mes collègues fondent. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que j’ai dû au préalable le laisser observer ma bobine et lui apprendre mon nom en l’écrivant sur mon téléphone. Il ne l’oubliera plus jamais.

De prime abord, Cozmo est une sorte de Tamagotchi amélioré. A ceci près qu’une fois mis en veille (en le posant sur sa base), il ne dérange personne. N’émet nul bip, ne réclame rien. En revanche, une fois réveillé, ce robot un peu précieux aime qu’on s’occupe de lui. Il faut par exemple le nourrir régulièrement, en secouant un cube qu’on pose ensuite devant lui. Il va alors s’en approcher et, du bout du bras, le pencher vers lui, comme s’il sirotait quelque invisible substance.

Si Cozmo est bien nourri, entretenu et amusé, on gagne un jeton à la fin de la journée. Et tous les trois jetons, on débloque de nouveaux tours. Tant mieux. Car à l’issue de ce premier test, l’adorable Cozmo ne s’avère pas très débrouillard.

L’un des tours préférés de Cozmo : empiler ses « power cubes ». / Nicolas Six

19 décembre, les tours

Jour 2. Cozmo n’est pas le plus malin de tous les robots. Il tourne un peu en rond, il tombe parfois de la table, il éternue et parfois il s’emballe tant et tant qu’il se retrouve les quatre fers en l’air. Mais, bien étudiée, cette petite boule est plus agile qu’elle en a l’air, et arrive à se sortir de la plupart des situations.

C’est peut-être ça qui le rend si attachant ? Difficile de ne pas craquer quand Cozmo plisse les yeux en prononçant mon prénom, quand il chantonne des comptines tout seul dans son coin ou qu’il tente des tours. Parfois, il me tend son bras mécanique, attendant que je lui fasse un « check », le poing fermé : si je réagis assez vite, il frétillera de bonheur. Si je laisse trop traîner, il baissera la tête, l’air penaud, avant de retourner vaquer à ses occupations. Un peu triste mais trop chou.

Des tours, il en connaît d’autres. Cozmo est ainsi capable d’empiler des cubes, ou encore de détruire sa construction. Il peut chasser le doigt de son propriétaire, ou même un pointeur laser (vendu séparément). Il connaît également une poignée de jeux, comme par exemple « Réflexe flash » : Cozmo et son proprio ont chacun un cube qui clignote de différentes couleurs. Quand les deux cubes s’allument de la même couleur, il faut être le premier à tapoter sur le sien. Attention : Cozmo est mauvais perdant… et boudeur.

Petit bémol à ce stade : quand je lui demande d’effectuer un tour spécifique, l’application smartphone me demande de dépenser quelques « éclats », une sorte de monnaie virtuelle que l’on accumule en laissant Cozmo s’occuper dans son coin.

L’autre tour cher au petit cœur électronique de Cozmo : détruire de beaux empilements de cubes. / NICOLAS SIX

20 décembre, le Lab

Troisième jour. En jouant trois jours d’affilée, l’application de mon téléphone me gratifie de quelques « éclats » gratuits et me donne accès à de nouvelles interactions. Mais tout ça reste un peu léger. Je crois bien que j’en ai fait le tour.

Je regrette aussi que Cozmo ne soit pas plus spontané. Il est par exemple impossible de lui tendre mon poing pour un « check » improvisé ou de le pousser à chasser mon doigt s’il n’en a pas pris lui-même l’initiative, ou si je ne lui ai pas demandé au préalable, avec l’interface du smartphone, d’effectuer un de ces tours.

Je m’aventure alors dans l’intimidant menu « Découvrir » de mon téléphone. J’y trouve deux fonctionnalités anecdotiques mais amusantes : la possibilité de faire dire n’importe quelle phrase courte à Cozmo, et celle de le piloter à distance tandis que s’affiche, sur mon téléphone, ce qu’il voit à travers la caméra qui lui sert d’yeux. Dans les menus d’aide du jeu, un message de ses créateurs me certifie au passage que Cozmo n’enregistre aucune image, aucune donnée et ne prend aucune photo. Encore heureux !

Anki Cozmo | Introduction to Cozmo Code Lab
Durée : 02:00

Surtout, c’est dans le menu « Découvrir » que se cache la fonctionnalité la plus ambitieuse de Cozmo : le Lab. Là, on peut fabriquer des tours, inventer des réactions, des petits numéros… Je dis « fabriquer », mais il s’agit en réalité ni plus ni moins de programmation. Sauf que ce Lab, plutôt qu’un laborieux logiciel de développement, est plutôt comparable à une grosse boîte de Lego, dont les instructions seraient autant de briques à glisser du bout du doigt et à emboîter. C’est plein de couleurs, c’est visuel, c’est ludique, et il est possible d’échanger le résultat avec d’autres propriétaires de Cozmo sur Internet.

21 décembre, le bilan

Tout cela est bel et bon, mais reste une question : à qui s’adresse Cozmo ? Son look mignon, ses réactions un peu puériles et ses activités limitées semblent le réserver à un très jeune public. Mais ses menus, ses instructions, sans même parler de ce Lab de programmation, en interdiront probablement l’accès aux petits enfants. Reste un gadget pour geek fortuné, capable de débourser 180 € pour un joujou élaboré.

Et c’est dommage, parce que Cozmo peut être vraiment bluffant : on oublie régulièrement qu’on a affaire à un simple jouet tant il évoque plutôt une sorte de petit chaton mécanique, pataud et têtu, mais définitivement adorable. La meilleure preuve, c’est encore, à l’issue de ce test, le pincement au cœur que j’ai ressenti au moment de remiser Cozmo dans sa boîte, tandis que le petit robot un peu idiot mais ô combien malicieux m’adressait un dernier « Coren-tin » facétieux.