Documentaire sur Arte à 22 h 25

Après avoir classé, en janvier, le Béluga au rang d’espèce en voie de disparition, le gouvernement canadien a décidé, le 13 décembre, d’accroître la protection autour des zones essentielles à la vie des mammifères marins dans le fleuve Saint-Laurent. Preuve s’il en est que le danger qui entoure ces « baleines blanches » inquiète désormais bien au-delà de la communauté scientifique, mobilisée sur la question depuis 2008.

Et pour cause. Alors que la population des bélugas était estimée à 10 000 membres au début du XXsiècle, les scientifiques n’en dénombreraient plus que 900 aujourd’hui dans les eaux du fleuve. Au Canada, mais aussi aux Etats-Unis et en Russie, des équipes de chercheurs tentent de cerner les causes de cette dépopulation. Pendant plusieurs mois, Yannick Rose et Vincent Perazio ont suivi ces experts dans leurs laboratoires et dans les différents lieux de vie de l’animal où il y est étudié, afin de faire état de leurs recherches.

Le béluga est aussi surnommé pour son bavardage le « canari des mers » / Arte

Parmi les principales pistes avancées figure au premier rang la pollution de l’eau. Le fleuve étant la principale voie maritime d’Amérique du nord, « l’urbanisation, l’industrialisation et l’agriculture y exerce une forte pression », soulignent les auteurs du documentaire. Cette accumulation forme ce que les scientifiques appellent « un cocktail de contaminants » qui, en s’accumulant chez l’animal tout au long de son existence, pourrait avoir des effets négatifs sur la reproduction. Ce que corrobore d’ailleurs une étude menée en Belgique sur des marsouins – mammifère de la même famille que le béluga – qui tend à démontrer que plus le taux de pollution s’élève, plus le taux de reproduction s’abaisse.

Mais cette dégradation des eaux du Saint-Laurent n’en est pas le seul facteur. Une autre pollution – sonore celle-ci – due au bruit des bateaux commerciaux, de pêche et de plaisance, ajouté au réchauffement climatique qui perturbe l’écosystème, seraient tout autant responsables de cette baisse dramatique de population. Or, selon la biologiste Véronique Lesage, en travaillant à réduire ces trois facteurs et à augmenter les stocks de nourriture, on pourrait favoriser le repeuplement de ceux que l’on surnomme aussi les « canaris des mers ». Car il serait regrettable de ne plus entendre leur bavardage.

L’Enigme des bélugas, de Yannick Rose et Vincent Perazio (Fr, 2017,50min).