La compagnie Emirates opère un aller-retour par jour entre les deux pays, mais depuis vendredi, les Tunisiennes, quel que soit leur âge, ont été temporairement empêchées d’embarquer / NOAH SEELAM / AFP

« Mesures de sécurité », selon Dubaï, « décision discriminatoire » selon Tunis. Après plusieurs jours d’imbroglio, la Tunisie a annoncé, dimanche 24 décembre, avoir suspendu les vols de la compagnie Emirates entre Dubaï et Tunis. Dans un communiqué, le ministère du transport tunisien explique qu’il en sera ainsi « jusqu’à ce qu’[Emirates] soit capable de trouver la solution adéquate pour opérer ses vols conformément au droit et aux accords internationaux ».

La compagnie Emirates opère un aller-retour par jour entre les deux pays, mais depuis vendredi, les Tunisiennes, quel que soit leur âge, ont été temporairement empêchées d’embarquer sur des vols pour les Emirats arabes unis sans qu’aucune explication ne leur soit fournie. Les hommes, eux, avaient été invités à embarquer.

Les relations entre les Emirats et la Tunisie se sont détériorées après la révolution de 2011 et, notamment, le passage au pouvoir du parti islamiste Ennahdha (fin 2011-début 2014), qui entretient des relations étroites avec le Qatar. Une crise diplomatique oppose depuis six mois Doha aux Emirats et à l’Arabie saoudite.

Mesures de sécurité

L’ambassadeur des Emirats en Tunisie a évoqué une décision « temporaire », assurant qu’elle avait été « levée », et les Tunisiennes avaient finalement pu s’envoler. Mais d’autres cas, comme celui d’une jeune femme à Beyrouth samedi, ont été enregistrés.

Dimanche, les Emirats ont évoqué des questions de « sécurité ». « Nous avions été en contact avec (nos) frères en Tunisie sur une information concernant la sécurité qui a nécessité des mesures spécifiques et temporaires », a dit sur Twitter le ministre d’Etat aux affaires étrangères émirati, Anwar Gargash.

Quatre ONG tunisiennes, dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), ont dénoncé une « décision discriminatoire » qui « viole la dignité et les droits des femmes ». Il s’agit aussi d’une violation de « la souveraineté de l’Etat tunisien », ont-elles poursuivi, en appelant les autorités tunisiennes à se montrer « fermes ».