Alexeï Navalny devant ses soutiens à Moscou, le 24 décembre. / Evgeny Feldman / AP

Plusieurs milliers de partisans d’Alexeï Navalny, le principal opposant russe, se sont rassemblés dimanche 24 décembre dans 20 villes du pays pour affirmer leur soutien à l’avocat charismatique et blogueur anticorruption.

« Je suis très heureux. Je suis fier de vous annoncer que je suis ici le candidat de toute la Russie », a lancé l’opposant devant plus de 700 de ses partisans réunis sous un chapiteau sur les bords de la Moskova à Moscou, alors que son équipe de campagne avait eu le plus grand mal à trouver des locaux pour un tel rassemblement. « Nous sommes prêts à gagner et nous gagnerons ces élections », a poursuivi l’avocat charismatique. Selon son équipe, deux membres de la Commission électorale centrale assistaient au meeting.

Alexeï Navalny, 41 ans, a été déclaré en octobre inéligible jusqu’en 2028 par la Commission électorale centrale en raison d’une condamnation de justice pour détournement de fonds, une affaire qu’il juge montée de toutes pièces. Souhaitant briguer la présidence, l’opposant a besoin, en vertu de la législation russe, d’être soutenu dans une ville par un groupe d’au moins 500 électeurs pour pouvoir demander à la commission de l’inscrire sur la liste officielle des candidats.

Avec ces manifestations de soutien, Alexeï Navalny espère faire pression sur la commission électorale pour que sa candidature soit enregistrée malgré son inéligibilité.

Des rassemblements ont eu lieu dans des villes telles que Vladivostok (Extrême-Orient), Irkoutsk, Krasnoïarsk (Sibérie), mais aussi Moscou et Saint-Pétersbourg (nord-ouest). Plus de 900 soutiens se sont réunis à Ekaterinbourg (Oural), 800 à Rostov-sur-le-Don et plus de 700 à Novossibirsk, selon son équipe.

Des partisans de Navalny à Saint-Pétersbourg, dimanche 24 décembre. / ANTON VAGANOV / REUTERS

Alexeï Navalny a menacé de nouveau d’appeler au boycott du scrutin si sa candidature n’était pas validée. Il faut « empêcher les élections si elles sont malhonnêtes », a-t-il averti. Pour l’opposant, il est hors de question qu’il renonce. « Ne pas nous laisser participer au scrutin est impossible », avait-t-il lancé cette semaine sur son blog.

Poutine candidat à sa réélection

Les autorités électorales russes rétorquent qu’avec la condamnation portée à son encontre, seul « un miracle » lui permettrait d’enregistrer sa candidature.

Alexeï Navalny a de nombreuses fois été condamné par la justice et a connu de courtes périodes de détention cette année pour des manifestations non autorisées. Il a mené pendant des mois une campagne qui lui a permis de gagner une fidèle base de soutiens, souvent très jeunes, par le biais de vidéos virales exposant la corruption des élites.

Il a également organisé en mars et juin des manifestations d’une ampleur inédite depuis les protestations de 2011 et 2012, qui ont débouché sur des centaines d’arrestations.

Le président russe Vladimir Poutine, 65 ans, a annoncé pour sa part ce mois-ci qu’il présentait sa candidature pour un quatrième mandat. Interrogé sur les raisons pour lesquelles Alexeï Navalny ne concourait pas à l’élection, Vladimir Poutine, qui n’a jamais cité le nom de l’opposant en public, a accusé l’opposition de vouloir fomenter un « coup d’Etat », mais que cela était voué à l’échec.

Il a prôné samedi le « respect » de l’opposition « responsable ». « Etre responsable veut dire avoir un plan clair d’actions positives », a-t-il ajouté simplement.