Documentaires sur Arte à 18 h 05 et 19 heures

C’est l’un des petits plaisirs des programmes de fin d’année : (re)découvrir Fred Astaire, danseur, chanteur et musicien des années 1930 qui a, avec la blonde et piquante Ginger Rogers, for­mé, à l’écran, un des plus beaux couples légendaires d’Hollywood. En neuf films pour les ­studios RKO, « Ginger et Fred » ont révolutionné la chorégraphie de la comédie musicale grâce à leur inventivité et à leur travail achar­né, comme le rappellent Yves Riou et Philippe Pouchain dans deux documentaires richement illustrés.

Le premier retrace la vie de Fred Astaire à travers de nombreuses archives et témoignages enflammés (l’historien du cinéma Serge Blomberg, l’actrice Leslie Caron, la réalisatrice Pascale Bouhénic) ; le second revient sur la collaboration du danseur avec les grands musiciens de l’époque, ses amis Irving Berlin, George Gershwin et Jerome Kern. Dans son commentaire, l’acteur Jacques Gamblin souligne que Fred Astaire fut ­également un excellent pianiste et batteur, passionné de jazz qui, à l’époque, lutta contre la ségré­gation en vigueur à l’écran en ­exigeant de figurer dans le même plan que des musiciens noirs.

Fred Astaire et Ginger Rogers devant Irving Berlin au piano. / Bettmann / © Bettmann Archive

Elégant, séducteur, charmeur, aérien, Fred Astaire a toujours donné l’impression de s’amuser en dansant. C’est à l’âge de 4 ans, sous l’impulsion de sa mère qui voulait que ses enfants échappent à la destinée des nombreux émigrés autrichiens, que Fred Astaire et sa sœur Adèle, son aînée de trois ans, apprennent la danse. Tous deux se révèlent rapidement comme des prodiges.

Ils partent apprendre leur métier sur les plan­ches de petits ­théâtres avant de s’installer à New York. Leur numéro de danse et de claquettes – ajouté aux facéties d’Adèle, qui ensorcelle le public – fait de ce duo la grande attraction de Broadway. Leur précision, leur inventivité et le travail acharné jusque dans les détails impressionnent. Les voici stars. Et lorsque Adèle épouse un lord anglais qui menace de lui faire un procès si elle renonce au mariage, Fred Astaire rebondit en se lançant à Hollywood dans une carrière en solo.

Coqueluche d’Hollywood

Lors d’une audition plutôt ratée en janvier 1933 devant le célèbre producteur David O. Selznick, ce dernier, qui avait tout de suite repéré la perle rare évoluant sous ses yeux, écrira par la suite : « Malgré ses énormes oreilles et la vilaine forme de son menton, je sens que son charme est si fort qu’il se dégage même de cet essai lamentable. » Jusqu’après la secon­de guerre mondiale, Fred Astaire fut en haut de l’affiche. Il fit danser les plus grandes stars féminines d’Hollywood qui le trouvaient irrésistible, droit et discret. Parmi elles, Eleanor Powell, Vera-Ellen ou Judy Garland, fragile et accro à l’alcool, la seule qui lui fit perdre son calme lorsqu’il devait l’attendre des heures avant de pouvoir tourner. Sans oublier Rita Hayworth et, bien sûr, Cyd Charisse, ancienne danseuse des Ballets russes, avec qui il formera son ultime couple mythique au cinéma dans Tous en scène ! (1953), de Vincente Minnelli, et La Belle de Moscou (1957), de Rouben Mamoulian.

Si Fred Astaire a ensuite passé le flambeau de la comédie musicale à Gene Kelly, il n’eut pas d’équivalent dans son agilité et sa grâce. Les danseurs étoiles comme Rudolf Noureev et Mikhail Baryshnikov, qui étaient les maîtres dans cet art, louaient sa virtuosité et son sens de la musique : « De quoi ai-je l’air à côté ? », demandaitBaryshnikov.

Fred Astaire. L’homme aux pieds d’oretFred Astaire donne le la”, d’Yves Riou et Philippe Pouchain (Fr, 2017, 52 et 42 min).