Le violoniste Renaud Capuçon enseigne à Lausanne depuis trois ans. / SIMON FOWLER/WARNER CLASSICS

Dans la salle de cours de Renaud Capuçon, les notes fusent, les conseils sont prodigués généreusement. Et les portes restent ouvertes, invitation pour tous à un voyage musical inattendu. Le violoniste français mondialement reconnu enseigne à la Haute Ecole de musique de Lausanne (Hemu) depuis la rentrée 2014. « Etant jeune, je m’étais dit que si un jour j’enseignais, ça serait en Suisse », explique le musicien. Très attaché à la région alpine, ce natif de Chambéry a donné ses premiers concerts en terre helvétique. Quand il a appris qu’un poste de professeur de violon se libérait à Lausanne, l’idée a donc rapidement fait son chemin, d’autant qu’il s’agissait de succéder au grand concertiste Pierre Amoyal.

Dans leur dossier d’inscription, les étudiants doivent cocher le nom de l’enseignant avec qui ils souhaitent travailler, sachant qu’ils bénéficieront de deux heures de cours individuel chaque semaine.

« L’Hemu est l’une des meilleures écoles au monde et elle attire des étudiants du monde entier », apprécie Renaud Capuçon. De fait, près des deux tiers des effectifs (520 étudiants au total, répartis sur plusieurs sites) sont étrangers : la moitié sont français, les autres viennent du Japon, de Corée, de Russie et d’Italie (où l’on déplore actuellement un vrai déficit de formation). Pour une école d’art, avoir des professeurs de renom constitue un facteur d’attractivité considérable. A Lausanne, dans leur dossier d’inscription, les étudiants doivent cocher le nom de l’enseignant avec qui ils souhaitent travailler, sachant qu’ils bénéficieront normalement de deux heures de cours individuel chaque semaine. « J’ai choisi l’Hemu pour un professeur en particulier », explique Théo, originaire de Reims et étudiant en jazz.

Tous ne seront pas solistes

Autre critère de choix décisif pour ce passionné de percussions, déjà titulaire de deux diplômes d’études musicales obtenus en France : l’école suisse délivre bachelors et masters, beaucoup plus facilement exportables que les diplômes français quand on veut travailler à l’étranger. « En France, seules deux hautes écoles, à Paris et à Lyon, nous sont comparables pour ce qui concerne les titres délivrés. C’est peu », note Hervé Klopfenstein, directeur de l’institution lausannoise et chef d’orchestre. Selon lui, l’évolution de la scène musicale et de la société « impose qu’une haute école s’interroge sur le métier de musicien. Grâce à notre nouveau programme de médiation, nous voulons aider les étudiants dans leur réflexion ».

Car le métier reste difficile. Pas question de donner de faux espoirs aux jeunes, tous ne seront pas solistes, tous ne marcheront pas dans les pas des plus grands. « Il n’y a pas un manque cruel de musiciens comme c’est le cas pour les infirmiers », souligne Hervé Klopfenstein. Dans l’accompagnement des neuf étudiants qu’il suit individuellement de façon régulière, Renaud Capuçon, conscient de ces réalités, cherche d’ailleurs à s’adapter à chacun. « Je dois déceler leurs qualités et les aider dans leur voie », confie-t-il.