L’Europe a beau mettre en place des stratégies de confinement en Libye, les migrants tentent toujours de rallier l’Italie en traversant la Méditerranée, quitte à prendre tous les risques. Dans la nuit de lundi à mardi 26 décembre, 255 personnes se trouvant à bord de trois embarcations et ayant embarqué avant une vague de mauvais temps, ont été secourues par deux navires, ont annoncé les gardes-côtes italiens.

L’ONG Proactiva Open Arms a secouru un canot pneumatique dans lequel avaient pris place 134 personnes, dont sept enfants. Tous devaient être transbordés sur le navire Aquarius d’une autre ONG, SOS Méditerranée, pour être transportés à Pozzallo, en Sicile.

Un bâtiment militaire de l’opération européenne « Sophia », qui lutte contre le trafic d’êtres humains en Méditerranée, a de son côté secouru les occupants de deux autres petites embarcations. Ces derniers, près de 230, seront également transbordés à bord de l’Aquarius, a dit à l’AFP une porte-parole de SOS Méditerranée, qui a précisé que les personnes secourues par Proactiva Open Arms étaient « surtout des familles avec des enfants venant du Pakistan, du Bangladesh et d’Afrique de l’Ouest ».

Tentative de fermer la route migratoire

Depuis la fin de 2016, les Etats membres de l’Union européenne, et tout particulièrement l’Italie, ont mis en place des mesures afin de tenter de fermer la route migratoire via la Libye et la Méditerranée centrale.

Dans un rapport publié mardi 12 décembre, Amnesty International a d’ailleurs accusé les gouvernements européens de soutenir en Libye « un système sophistiqué d’abus et d’exploitation des réfugiés et des migrants » par des garde-côtes, des responsables de centres de détention et des trafiquants, avec pour seule préoccupation d’empêcher des migrants de traverser la Méditerranée.

« Avec le concours des autorités libyennes, nous avons construit un nouveau modèle de gestion de l’autre côté de la Méditerranée », s’est toutefois félicité le ministre de l’intérieur italien, Marco Minniti, dans un entretien publié dimanche dans le quotidien La Repubblica.

Le ministre s’est réjoui qu’un accord entre Rome et Tripoli permette au Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés de sélectionner sur place ceux ayant droit à une aide internationale. « Les organisations internationales sont en outre déjà en mesure de visiter les centres d’accueil et d’y améliorer les conditions de vie, encore aujourd’hui inacceptables », a ajouté le ministre.

Mettre en place des corridors humanitaires

M. Minitti a annoncé que la volonté de l’Italie était de mettre en place des corridors humanitaires afin que jusqu’à 10 000 personnes bloquées dans des camps de réfugiés en Libye puissent, en 2018, venir en toute sécurité en Europe avec un statut de réfugié.

Avant d’arriver à ces « parcours légaux », il a toutefois souligné que l’Italie devait prendre des mesures « crédibles » de fermeté en collaboration avec les gardes-côtes libyens pour mieux contrôler les flux « illégaux » de migrants arrivant par la mer.

L’Italie enregistre « une baisse significative » des arrivées de migrants actuellement, a-t-il également constaté. Du 1er janvier au 22 décembre, le nombre d’arrivées de migrants sur les côtes italiennes (118 914 personnes au total) a chuté de 33,8 % par rapport à la même période en 2016 (179 769 personnes).