Virginie Simon, 34 ans, n’a pas chômé depuis son doctorat. Elle a cofondé MyScienceWork, plate-forme en ligne qui met à disposition 60 millions d’articles scientifiques via 2 500 sites en accès libre. Le site rassemble plus d’un demi-million de chercheurs.

Comment est née l’idée de MyScienceWork ?

J’ai fait des études d’ingénieure, puis un doctorat en nanotechnologies contre les cancers à l’université Pierre-et-Marie-Curie. Pendant ma thèse, j’ai constaté les difficultés d’accès à la connaissance scientifique : je mettais plus de temps à chercher l’information pertinente qu’à l’analyser ! Je me suis donc associée avec Tristan Davaille, diplômé d’une école de commerce. En 2010, on a lancé MyScience­Work, accompagnés par Paris Pionnières, un incubateur destiné aux femmes ayant un projet d’entreprise innovant.

Pourquoi vous êtes-vous implantés dans la Silicon Valley ?

C’était là qu’il fallait être pour doper notre activité, entourés d’universités prestigieuses (Stanford, Berkeley…) et d’entreprises proches de notre activité, comme l’éditeur scientifique PLoS ou Google Scholar, avec qui on mène un partenariat. On s’est installés à San Francisco, en 2014, au sein de l’incubateur Rocket Space, qui regroupe une centaine de start-up et a vu naître Spotify ou Uber.

En termes de modes de travail, quelles sont les spécificités de la Silicon Valley ?

Nous baignons dans un environnement très international et technologique. L’ambiance est dynamique, innovante et très stimulante. Le travail est acharné, avec des réunions le soir et le week-end, mais dans un climat convivial, collaboratif, sans hiérarchie. Les rendez-vous professionnels peuvent avoir lieu lors de promenades sur la plage. La majorité des entrepreneurs sont des hommes sans enfants qui travaillent en continu. Moi, je détonne en tant que femme et mère d’un petit garçon de 3 ans.

Dans votre secteur, quels sont les profils les plus prisés ?

Les chercheurs restent fortement appréciés, indépendamment des métiers qui changent vite. Aux Etats-Unis, le doctorat est très valorisé et favorise l’obtention d’un visa. Les chercheurs peuvent facilement opérer des allers-retours entre le milieu académique et le secteur industriel. Ils peuvent, par exemple, s’orienter vers le « data mining » [collecte de données à grande échelle] ou devenir « data scientist » [expert de la gestion et de l’analyse des données massives], en étant curieux, polyvalents, à la fois chercheurs et codeurs… Ce sont ces profils complets que les start-up s’arrachent.