Le président vénézuélien Nicolas Maduro, le 14 décembre 2017. / YAMIL LAGE / AFP

Le bolivar est en capilotade, vive le petro ! Dans un Venezuela aux prises avec une monnaie en chute libre, une inflation galopante et une crise économique d’une ampleur inédite, le président Nicolas Maduro confirme ses projets, annoncés début décembre, de création d’une devise virtuelle. Le petro – c’est donc son nom – aura la valeur d’un baril de pétrole, a précisé M. Maduro mercredi 27 décembre.

Selon ses plans, cette « devise cryptographique » sera adossée aux champs de l’Orénoque, et plus spécialement à un gisement renfermant des réserves de 5 milliards de barils « certifiés internationalement ». La précision a son importance car les statistiques fiables font cruellement défaut dans ce pays détenteur des plus importantes réserves mondiales d’or noir.

Une nouvelle devise ? L’ambition intrigue tant le Venezuela s’est illustré par ses piètres performances en matière monétaire. Le bolivar navigue aujourd’hui entre trois taux de change différents. Rien qu’au mois de novembre, l’usage immodéré de la planche à billets, la pénurie de dollars et les contrôles de capitaux ont fait dégringoler sa valeur de près de 60 % au marché noir. L’inflation, quant à elle, s’est emballée à plus de 1 000 % en 2017, selon le Fonds monétaire international.

« Tout cela n’a aucune crédibilité »

D’aucuns pourront se demander si M. Maduro a trouvé son inspiration dans l’envolée récente du bitcoin. La plus célèbre des cryptodevises a d’ailleurs rencontré un certain succès au Venezuela compte tenu de ses vertus anti-inflationnistes. Mais les thuriféraires des monnaies virtuelles, attachés à leur indépendance vis-à-vis des gouvernements et des banques centrales, ne risquent guère d’adhérer au plan de Caracas.

Le gouvernement vénézuélien défend pourtant mordicus un projet censé lui permettre de lutter contre le blocus financier des Etats-Unis. Au bord du défaut de paiement, le pays se débat contre les sanctions financières imposées à l’été par Washington. En cas de faillite, il risque la saisie de ses avoirs libellés en dollars.

Nicolas Maduro entend-il se servir du petro pour rembourser ses créanciers ? Le scénario circule dans les rangs de l’opposition, qui n’a pas de mots assez durs envers le dirigeant et sa gestion de la crise. « Cela donne l’impression que Maduro est un clown, déplorait, début décembre, auprès de l’agence Reuters, le député et économiste Angel Alvarado. Tout cela n’a aucune crédibilité. »

En attendant, le flou demeure sur la date de lancement et plus encore sur le mécanisme de fonctionnement qui permettrait de procéder à des transactions en pétro. Au risque d’alimenter le procès en amateurisme économique largement instruit contre ce gouvernement.