Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Lomé, la capitale du Togo, mercredi 27 décembre, pour demander une limitation du nombre de mandats présidentiels et la démission du président Faure Gnassingbé. Une coalition de quatorze partis d’opposition se mobilise depuis août, organisant des manifestations populaires quasi hebdomadaires, et leurs partisans continuent de protester contre le président, héritier d’une famille au pouvoir depuis cinquante ans.

« La mobilisation continue. Car les populations savent que sans la mobilisation, elles ne peuvent rien obtenir », a expliqué à l’AFP Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), parti historique de l’opposition. Seize personnes, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont été tuées depuis le début des manifestations, selon un bilan établi par l’AFP.

Alors que la présidence a promis d’engager un dialogue début décembre après trois mois de grave crise politique et sociale, les conditions demandées par l’opposition (libération des manifestants en prison, retrait des forces de sécurité dans le Nord…) sont « en cours de préparation », selon M. Fabre : « La balle n’est pas dans notre camp, mais plutôt dans le camp de ceux qui doivent rendre effectives ces mesures d’apaisement. »

Journée de « vacarme »

« C’est la première fois que je participe de bout en bout aux manifestations de l’opposition, car il est temps de changer les choses dans ce pays. Je reste déterminée », affirme Elodie Djatou, couturière. De son côté, Mohamed Adissan, chauffeur, est moins optimiste, après des mois de mobilisation : « J’ai l’impression que ce que nous faisons ne dit rien au président de la République. »

Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a gouverné le Togo pendant trente-huit ans d’une main de fer, est resté très silencieux depuis le début des marches. Dans une interview au magazine Jeune Afrique, il n’a toutefois pas exclu se représenter au scrutin de 2020, affirmant que s’il devait y avoir une réforme constitutionnelle (notamment la limitation à deux du nombre de mandats), elle appartenait « à l’avenir et non au passé », sous-entendant qu’elle ne serait pas rétroactive.

Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, inquiets de l’instabilité que peut engendrer la crise togolaise, ont demandé des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition, sous la médiation des présidents ghanéen, Nana Akufo-Addo, et guinéen, Alpha Condé. Selon l’opposition, ils auraient été rejoints « par le Bénin et le Burkina Faso, qui ont souhaité appuyer les deux pays dans cette mission de médiation ».

Les manifestations doivent se poursuivre jeudi et samedi. La coalition a également appelé à une journée de « vacarme » vendredi, de 13 heures à 14 heures, en demandant à leurs partisans de « faire du bruit en tapant sur des casseroles » pour montrer leur mécontentement.