Guy Novès, au premier plan, le 13 novembre 2015 à Marcoussis (Essonne). / FRANCK FIFE / AFP

Ils se souviendront de leur Noël 2017 ! Virés officiellement, mercredi 27 décembre, le sélectionneur du XV de France, Guy Novès, et ses adjoints, Yannick Bru et Jean-Frédéric Dubois, ont appris, le même jour, leur convocation à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, d’après les informations obtenues par Le Monde, confirmant celles parues, jeudi, dans L’Equipe. Ces entretiens devraient se dérouler début janvier à Marcoussis, dans l’Essonne, au siège de la Fédération française de rugby (FFR).

La FFR leur a fait parvenir des courriers en recommandé signés de la main de son directeur général, Sébastien Conchy. Les destinataires ne les auraient reçus que mercredi, soit le jour même de l’annonce officielle de la nomination de Jacques Brunel au poste de sélectionneur, en remplacement de Guy Novès.

Le texte ne précise pas la nature de la « faute grave » invoquée pour justifier ces licenciements à mi-mandat de MM. Novès, Bru et Dubois, lesquels avaient signé, en 2015, un contrat à durée déterminée (CDD), qui était censé les mener jusqu’à la Coupe du monde 2019.

Tout l’enjeu, pour la FFR, consiste maintenant à trouver une justification juridique à ces ruptures de contrats. Si les trois membres du staff étaient bien reconnus coupables de fautes graves (des fautes qui rendraient « impossible le maintien du salarié dans l’entreprise », selon les termes de la Cour de cassation), la fédération échapperait au paiement d’indemnités de licenciements, qui pourraient s’élever à 1,5 million d’euros.

En revanche, si la notion de faute grave n’était pas reconnue, la FFR aurait à payer l’intégralité des salaires mensuels des trois hommes dus jusqu’en 2019 : soit encore vingt-quatre mois de salaires pour chacun, selon les dispositions prévues pour les CDD dits d’usage, généralisés dans le sport. Les négociations devraient se dérouler par avocats interposés et pourraient aller jusqu’aux prud’hommes.

Exemple dans un autre sport : Raymond Domenech avait été licencié pour faute grave par la Fédération française de football, en raison du Mondial 2010 en Afrique du Sud (élimination dès le premier tour) et de « l’affaire Knysna », qui avait opposé encadrement et joueurs. L’ancien sélectionneur des Bleus avait ensuite obtenu 1 million d’euros brut grâce à un accord à l’amiable avec la « fédé », après l’avoir assignée devant les prud’hommes.

Brunel en quête de nouveaux adjoints

Dans le cas de Guy Novès et de son staff, l’évocation d’une faute grave peut surprendre si l’on prend en considération le discours public de Bernard Laporte, le président de la FFR. Bien qu’il ait pris la décision d’écarter Guy Novès et ses deux adjoints, M. Laporte n’a jamais mentionné, dans ses déclarations médiatiques, de faits assimilables à une faute pouvant justifier un licenciement.

La direction de la FFR a surtout reproché au trio un manque de résultats (seulement sept victoires en 21 matchs, et un match nul contre le Japon), mais aussi des divergences de vue : « La manière de fonctionner de Guy n’était pas du tout celle qu’on veut mettre en place », a déclaré Bernard Laporte. Le dirigeant évoque notamment sa volonté d’ouvrir toujours plus les entraînements des Bleus « aux médias et aux gamins », là où le désormais ex-sélectionneur aurait préféré travailler dans un cadre plus resserré.

La procédure choisie est d’autant plus étonnante que Bernard Laporte expliquait au Monde, mardi, que Yannick Bru et Jean-Frédéric Dubois pourraient rester sous contrat avec la FFR « s’ils le souhaitent », et à condition d’accepter d’autres fonctions que celles d’adjoints, ces fonctions restant à déterminer.

En attendant, le futur sélectionneur du XV de France, Jacques Brunel, remplacera officiellement Guy Novès à partir du 2 janvier. Jusque-là manageur de l’Union Bordeaux-Bègles, l’entraîneur est actuellement en quête d’adjoints pour composer le staff de l’équipe nationale, à un mois du début du Tournoi des six nations.