La société Apple est sortie du silence après qu’après une étude du cabinet Geekbench a mis en avant des ralentissements importants sur les iPhone 6, 6S et 7. / Karly Domb Sadof / AP

Face à la polémique, Apple s’est livré, jeudi 28 décembre, à un exercice peu commun : des excuses. Une semaine après avoir admis brider les performances des anciens iPhone, la société de Cupertino a publié un long message sur son site Internet, reconnaissant des erreurs de communication. Mais elle a également défendu cette pratique et nié toute stratégie d’obsolescence programmée.

« Nous n’avons jamais fait, et ne ferons jamais, quelque chose pour raccourcir intentionnellement la durée d’existence de nos produits », assure Apple. Selon l’entreprise, son objectif est d’éviter que les smartphones équipés de batteries usées s’éteignent inopinément. Elle s’était cependant bien gardée d’expliquer que sa solution consistait à ralentir les appareils concernés. Ni même d’indiquer que le problème pouvait être réglé en remplaçant la batterie.

Apple a ainsi laissé ses utilisateurs penser qu’il était temps d’acheter un nouvel iPhone, alors qu’ils auraient simplement pu changer la batterie. La société n’est sortie du silence qu’après une étude du cabinet Geekbench mettant en avant des ralentissements importants sur les iPhone 6 et 6S, respectivement sortis en 2014 et en 2015. Mais aussi sur l’iPhone 7, commercialisé depuis un an seulement.

Procédures judiciaires

Pour « regagner la confiance de ceux qui pourraient avoir douté de [ses] intentions », Apple va abaisser, à partir de janvier, le prix du remplacement de la batterie. Il sera fixé à 29 dollars (24,7 euros) aux Etats-Unis, contre 79 dollars (66,1 euros) actuellement. En France, l’opération est facturée 89 euros. Le nouveau tarif n’a pas été précisé. Par ailleurs, le groupe promet une mise à jour de son système iOS pour mieux informer ses utilisateurs sur l’état de leur batterie.

Malgré ces excuses, Apple n’est pas sortie d’affaire. L’épisode alimente une théorie déjà populaire chez les possesseurs d’iPhone : à chaque fois qu’un nouveau modèle est lancé, les anciennes versions se mettent subitement à moins bien fonctionner. « Le préjudice sur l’image de marque pour avoir ralenti secrètement les iPhone, quelle que soit la raison, va perdurer pendant une décennie », prédit ainsi Marco Arment, un développeur réputé d’applications mobiles.

Ses pratiques sont aussi au cœur de plusieurs procédures judiciaires. En France, l’association Halte à l’obsolescence programmée a déposé une plainte, mercredi 27 décembre, reprochant au groupe à la pomme d’avoir mis en place une « stratégie globale d’obsolescence programmée en vue d’augmenter ses ventes ». Aux Etats-Unis, une dizaine de « class actions » (actions en nom collectif) ont été lancées en Californie, à New York ou encore dans l’Illinois.

Les différents plaignants expliquent avoir acquis un nouvel iPhone en raison des mauvaises performances de leur précédent modèle. S’il n’existe aucune loi punissant l’obsolescence programmée dans la législation américaine, la société pourrait être inquiétée pour « tromperie ou fraude », estime Rory Van Loo, professeur de droit à l’université de Boston. En 2015, Apple avait déjà été la cible d’une class action pour un motif similaire, mais la procédure n’avait pas abouti.