Après avoir célébré dans l’euphorie la victoire éclatante de l’ex-star du football George Weah au second tour de l’élection présidentielle, le Liberia amorçait, vendredi 29 décembre, sa première alternance démocratique en plus de sept décennies. Au terme d’un scrutin salué pour son déroulement pacifique, M. Weah, 51 ans, a recueilli 61,5 % des suffrages, contre 38,5 % pour son adversaire, le vice-président Joseph Boakai, selon des résultats officiels quasi complets annoncés jeudi soir, deux jours après le vote.

Le président français, Emmanuel Macron, a été l’un des premiers dirigeants étrangers à réagir, dans un tweet, à la victoire de l’ancien joueur du club parisien du Paris-Saint-Germain (PSG), qui doit succéder le 22 janvier à la présidente Ellen Johnson Sirleaf.

A Monrovia, à peine la victoire de George Weah connue, les rues ont été envahies de partisans enthousiastes. Des centaines de personnes massées aux abords du siège de la Commission électorale nationale (NEC), dans le centre de la capitale, ont laissé éclater leur joie, scandant le nom de leur futur président et exultant comme après une victoire en Coupe du monde.

« Jamais je n’ai été aussi heureuse de ma vie. On a été dans l’opposition pendant douze ans. On va écrire l’histoire, comme les enfants de l’Afrique du Sud l’ont fait, je suis tellement excitée », a lâché Josephine Davies, la vice-présidente de la Ligue de la jeunesse de la Coalition pour le changement démocratique (CDC), la formation de M. Weah. Lequel n’a pas tardé à se présenter comme « le président élu de la République du Liberia » sur son compte Twitter.

A la présidentielle de 2005, M. Weah avait été battu par Mme Sirleaf. Six ans en plus tard, il s’était présenté à la vice-présidence, mais son ticket avait été devancé par celui associant la Prix Nobel à Joseph Boakai.

Quatorze ans de guerre civile

L’attaquant star de Monaco, du PSG et du Milan AC dans les années 1990 doit prêter serment le 22 janvier, marquant ainsi la première transition démocratique depuis plus de soixante-dix ans dans ce pays anglophone sorti en 2003 d’une longue et cruelle guerre civile. Favori après être sorti vainqueur du premier tour, le 10 octobre, avec plus de 38 % des voix, M. Weah s’était montré sûr de lui avant et après le jour de l’élection. « Le peuple libérien a clairement fait son choix », avait tweeté le Ballon d’or 1995 dès mercredi.

Sur la grande avenue centrale de Monrovia, un écran géant a repassé les buts de légende de l’ancien attaquant de l’équipe du Liberia. « Le Liberia est notre pays. Il n’y a rien de mieux que le Liberia. On a la paix, on ne veut pas la guerre », a lancé sur un rythme de slam Peter, un chauffeur de moto-taxi, casquette vissée sur la tête, en évoquant les quatorze années de guerre civile qui ont fait quelque 250 000 morts de 1989 à 2003.

Sénateur depuis 2014 de la province la plus peuplée du Liberia, M. Weah avait choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, ex-femme de Charles Taylor. Mais tous deux affirment ne pas entretenir de lien avec l’ancien chef de guerre et président (1997-2003), condamné par la justice internationale à cinquante ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine – il purge sa peine au Royaume-Uni.

Près de trois décennies après le début de la guerre civile, le Liberia s’apprête à vivre une transition en douceur. La présidente, Mme Sirleaf, a signé mardi un décret établissant une « équipe de transition » pour organiser un « transfert ordonné du pouvoir » dans un pays également marqué par l’épidémie d’Ebola.