Un sans-abri près du Musée du Louvre à Paris le 28 décembre. / ERIC FEFERBERG / AFP

« La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus », avait déclaré Emmanuel Macron le 27 juillet.

Parole tenue selon le délégué général de La République en marche, Christophe Castaner. « La promesse de l’Etat, c’est de garantir des places d’accueil, et vous avez, à l’heure où je vous parle, encore des places d’accueil disponibles en Ile-de-France et dans les grandes villes. Peut-être pas assez, il faut un peu de temps pour améliorer cela », a-t-il déclaré sur BFM TV, vendredi 29 décembre.

« Il y a des femmes et des hommes qui refusent aussi, dans le cadre de maraudes, d’être logés » parce qu’ils estiment « ne pas être en sécurité » ou « ne pas être à l’aise dans ces centres de regroupement », a-t-il poursuivi. La responsabilité de l’Etat, « c’est d’offrir des capacités d’accueil, au chaud dans de meilleures conditions que celles qu’ils connaissent dans la rue. C’était ça l’engagement du président de la République », a ajouté Christophe Castaner.

« Il manque 3 000 places »

Mais, pour les associations qui viennent en aide aux sans-abri, faute de moyens supplémentaires, le compte n’y est pas. « Il manque 3 000 places d’hébergement d’urgence », selon Eric Pliez, président du Samu social. Chaque soir, le 115 est saturé. D’après le dernier baromètre de la Fédération des acteurs de solidarité (FAS), seuls 25 % des appels au numéro d’urgence ont abouti à un hébergement en novembre à Paris. Une part qui tombe à 17 % en Seine-Saint-Denis et à 6 % dans le Nord.

« Il y a eu des efforts », reconnaît Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs solidarité. Au total, 140 000 places sont disponibles sur tout le territoire, « soit 13 000 de plus que l’an dernier », selon le ministère de la cohésion des territoires. Par ailleurs, 80 000 places supplémentaires sont destinées aux demandeurs d’asile.

« Le problème, c’est que ces efforts ne sont pas à la hauteur des besoins. On continue à gérer cela en fonction de la pression climatique ou médiatique », ajoute Bruno Morel, dénonçant une « gestion au thermomètre ». Tous les centres gérés par Emmaüs solidarité sont pleins, précise-t-il.

L’Etat doit « mettre les moyens »

« La différence importante est que cette année le gouvernement ne s’est pas engagé à pérenniser des places », dénonce Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui demande à l’exécutif de « pérenniser au moins 5 000 places » en 2018. L’Etat doit « mettre les moyens pour développer des places d’hébergement dignes, avec des travailleurs sociaux, et non pas juste des dortoirs », a affirmé Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale adjointe d’Emmaüs solidarité.

Le ministère a aussi annoncé que 500 places supplémentaires seront ouvertes à Paris « entre le 26 décembre et le 15 janvier ». A plus long terme, le gouvernement veut lancer l’année prochaine un « plan quinquennal pour le logement d’abord », annoncé en septembre par Emmanuel Macron, qui vise à développer « des solutions pérennes de retour au logement ».