Le « Lighthouse Winmore », le 29 décembre 2017. / - / AFP

La Chine s’est défendue, vendredi 29 décembre, de livrer clandestinement du pétrole à la Corée du Nord, après des accusations en ce sens de Donald Trump et l’arraisonnement par la Corée du Sud d’un navire hongkongais qui aurait transbordé des hydrocarbures sur un bâtiment de Pyongyang.

« Pris la MAIN DANS LE SAC », a lancé le président américain jeudi sur Twitter, se disant « très déçu de voir la Chine permettre au pétrole d’entrer en Corée du Nord » en violation des sanctions adoptées par l’ONU pour forcer Pyongyang à renoncer à son programme nucléaire. « Il n’y aura jamais de solution amicale » avec la Corée du Nord « si cela se poursuit », a menacé le président américain, qui a déjà évoqué une action militaire contre ce pays.

Un responsable du département d’Etat américain a précisé que « certains navires », dont des bateaux chinois, « se livraient à des activités prohibées par l’ONU, y compris des transbordements de produits pétroliers raffinés entre deux vaisseaux et le transport de charbon provenant de la Corée du Nord ».

Une accusation catégoriquement rejetée par Pékin, qui a qualifié ces informations d’« inexactes » et s’en est pris en termes à peine voilés au tweet de Donald Trump. « Faire du battage sans raison via les médias ne contribue pas au renforcement de la confiance mutuelle et de la coopération », a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying.

La Corée du Sud dénonce des « réseaux illégaux »

Mais les accusations du président Trump semblent corroborées par la Corée du Sud, qui a annoncé samedi avoir saisi le 24 novembre un navire hongkongais, le Lighthouse Winmore, qui avait transféré des produits pétroliers sur un bateau nord-coréen, le Sam Jong 2, dans les eaux internationales, en violation des sanctions. Des déclarations qui interviennent au lendemain d’un nouveau durcissement par l’ONU des sanctions contre le régime de Kim Jong-un.

« C’est un cas typique de la façon dont la Corée du Nord contourne sournoisement les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU en utilisant ses réseaux illégaux », a déclaré aux journalistes un responsable du ministère des affaires étrangères sud-coréen.

La porte-parole de Pékin a contesté ces informations en affirmant que le bateau en question n’avait pas mouillé dans des ports chinois depuis août.

Sanctions contre huit navires

Le Conseil de sécurité a multiplié ces dernières années les trains de sanctions pour contraindre Pyongyang à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Et en bannissant jeudi trois navires nord-coréens et un de Palau, selon une liste finale adoptée par l’ONU, l’exécutif onusien a en fait doublé le nombre de bateaux interdits de ports.

Quatre autres navires, battant pavillon des Comores, de Saint-Kitts-et-Nevis, du Cambodge et de la Corée du Nord, avaient déjà été interdits de ports en octobre, une première dans l’histoire des Nations unies.

En 2017, le Conseil de sécurité a imposé à l’unanimité trois séries de sanctions économiques à la Corée du Nord, toutes plus fortes les unes que les autres : le 5 août (fer, charbon, pêche...), le 11 septembre (textile, limitation de livraisons de pétrole) et le 22 décembre (produits pétroliers raffinés notamment).