Ce sont des phrases, parfois simplement tweetées, qui peuvent sembler anodines lorsqu’on les lit. Pourtant, prononcées par certains de plus grands champions de l’année écoulée, elles chroniquent l’année sportive 2017. Sélection – hautement – subjective.

  • « Se queda » de Gerard Piqué

DON EMMERT/AFP (modifié par « Le Monde »)

Cette année, le feuilleton de l’été a concerné un footballeur brésilien à la chevelure peroxydée et au corps tatoué. Au talent fou, aussi. Sitôt le marché des transferts ouvert, le Paris-Saint-Germain, échaudé par son cuisant échec face au Barça lors de la remontada, a tenté d’attirer son artisan principal : Neymar Jr. Et, un mois durant, les rumeurs sont allées bon train des Champs-Elysées aux Ramblas, annonçant soit l’arrivée du leader brésilien dans la Ville lumière soit son maintien chez les Blaugranas.

Jusqu’à ce tweet péremptoire, le 23 juillet, du capitaine barcelonais Gerard Piqué : « Il reste », écrit-il en montrant son coéquipier hilare. Sauf que moins d’une semaine plus tard, ce même Neymar devient le joueur le plus cher de l’histoire, après un transfert à Paris contre 222 millions d’euros. Et Piqué, qui reconnaîtra n’avoir écrit cette phrase qu’en se fondant sur ses espoirs, entre de son côté au panthéon des auteurs de phrases cultes.

  • « L’alter ego » de Pierre-Ambroise Bosse

JEWEL SAMAD/AFP (modifié par « Le Monde »)

Si les championnats du monde d’athlétisme ont été marqués, notamment, par les adieux du roi Usain Bolt, plusieurs Français sont également sortis du lot. A commencer par Pierre-Ambroise Bosse, sacré champion du monde du 800 mètres à la surprise générale (y compris la sienne) : « Je me suis dit, pourquoi ne pas tenter quelque chose de fou », confiait-il après une course l’ayant vu attaquer à 250 mètres de l’arrivée et résister aux retours de ses adversaires.

Attaquer de loin n’est pas fréquent sur une distance aussi tactique que le 800 m ; ne pas se faire rattraper par un peloton déchaîné l’est encore plus. Au point de transformer en prémonition la phrase du coureur-gouailleur, prononcée au sortir des qualifications.

  • La « decima » de Teddy Riner

FADEL SENNA/AFP (modifié par « Le Monde »)

Il lui reste sept ans à tenir s’il veut achever sa carrière lors des Jeux olympiques de Paris 2024. En attendant, Teddy Riner continue d’écrire sa propre légende et d’enrichir son monumental pamarès. Le judoka français a remporté en 2017 ses neuvième et dixième titres mondiaux, entrant sans frapper « au panthéon des sportifs mondiaux » avec cette « decima » (dix victoires) où l’on retrouve Rafael Nadal, le Real Madrid et quelques autres grands noms du sport.

  • L’année de Federer

ANDREW COULDRIDGE/REUTERS (modifié par « Le Monde »)

Les grands joueurs ne disparaissent jamais. C’est le commentaire que l’on peut faire en voyant le palmarès des tournois du Grand Chelem cette année. Après une année blanche – ou presque –, Roger Federer et Rafael Nadal, respectivement 36 ans et 31 ans, ont bouclé une saison triomphante, où ils n’ont laissé que des miettes à leurs concurrents.

Et eux-mêmes ne semblent pas trop y croire, au vu des propos de Federer après son huitième sacre à Wimbledon. Victorieux de l’Open d’Australie et de Wimbledon pour le Suisse, et de Roland-Garros (son dixième) et de l’US Open pour le Majorquin, les deux géants de la balle jaune terminent également l’année aux deux premières places mondiales.

  • Les leçons de Tessa Worley

TOM PENNINGTON/AFP (modifié par « Le Monde »)

Elle possède désormais l’un des plus beau palmarès du ski hexagonal. Cette année, la skieuse française de 28 ans a remporté son deuxième titre de championne du monde de géant (après celui de 2013) ainsi que le globe de cristal de la discipline, qui récompense la skieuse la plus régulière de la saison de Coupe du monde.

Celle qui avait raté les Jeux olympiques de Sotchi (Russie) en raison d’une rupture des ligaments croisés en décembre 2013 et avait mis deux ans à revenir au meilleur niveau vise les Jeux de Pyeongchang (Corée du Sud). Et le seul titre qui lui manque.

  • La comparaison de Vladimir Klitschko

BEN STANSALL/AFP (modifié par « Le Monde »)

Le barnum créé autour du combat entre le boxeur Floyd Mayweather et le spécialiste de MMA (Mixed Martial Arts), Conor McGregor visait à le faire prendre pour le « combat du siècle ». Mais ne vous y trompez pas, le match de boxe dont on se souviendra pour cette année 2017 s’est déroulé fin avril dans l’enceinte de Wembley, devant 90 000 spectateurs surchauffés. Et mettait aux prises Anthony Joshua, actuel meilleur boxeur de la planète, à l’ancienne gloire de la discipline, Vladimir Klitschko.

Le boxeur anglais de 27 ans s’est imposé face à l’Ukrainien, par arrêt de l’arbitre à la onzième reprise, alignant sa dix-neuvième victoire avant la limite en autant de combats. De quoi valider le commentaire de Klitschko – qui a pris sa retraite à la suite de cette défaite –, comparant Joshua à Terminator avant la rencontre.

  • La « culture de la lose » de Yannick Noah

CHRISTOPHE ENA/AP (modifié par « Le Monde »)

Les Bleus l’ont fait. Entraînée par le « gourou » Yannick Noah, qui ajoute encore une nouvelle ligne à son palmarès, l’équipe de France masculine de tennis s’est imposée en finale de la Coupe Davis, soulevant son dixième Saladier d’argent. Si l’on retiendra du parcours des coéquipiers de Jo-Wilfried Tsonga l’hécatombe parmi leurs adversaires (hormis le Belge David Goffin en finale, ils n’ont affronté aucun joueur mieux classé que la 44e place mondiale), personne n’enlèvera ce titre aux joueurs de Yannick Noah. Un capitaine qui s’est illustré par des choix audacieux, notamment en finale, et une longue tirade à cœur ouvert une fois la compétition achevée, où il revenait sur l’absence de culture de la victoire en France.

  • Les prédictions de François Gabart

STEPHANE MAHE/REUTERS (modifié par « Le Monde »)

A bord de son trimaran, le Français François Gabart a mis exactement quarante-deux jours, seize heures et quarante minutes pour boucler le tour du monde en solitaire et sans escale. Effaçant largement le record de Thomas Coville (49 j 3 h 7 min) , qui datait d’à peine un an, le nouveau maître des mers poursuit sa trajectoire sans faiblir. Mais à peine son voilier amarré et le record en poche, le navigateur anticipait de voir, bientôt, un nouveau lévrier des mers tailler ce dernier en pièces.

  • La joie d’Anne Hidalgo

FABRICE COFFRINI/AFP (modifié par « Le Monde »)

Après plus de deux ans de campagne, et en dépit de l’absence de suspense, Anne Hidalgo ne tenait plus en place quand Thomas Bach, le président du Comité international olympique, a annoncé à Lima ce que tout le monde savait déjà. S’étant mises d’accord en amont, les villes de Paris et de Los Angeles ont obtenu respectivement l’organisation des Jeux olympiques de 2024 et de 2028.

Pour la maire de la capitale française, qui avait participé à la candidature perdante pour les Jeux de 2012, « c’est un nouveau commencement ». Dans sept ans, un siècle après les précédents, la France accueillera à nouveau les Jeux olympiques.