Le président s’est exprimé depuis le salon d’angle, d’où il travaille à l’Elysée, dans un cadre épuré. / STRINGER / AFP

Pour ses premiers vœux aux Français en tant que président de la République, Emmanuel Macron a livré, dimanche 31 décembre 2017, un discours des plus classiques. Alors que son entourage et l’Elysée bruissaient depuis plusieurs semaines d’un possible renouvellement de ce genre ultra codifié, le chef de l’Etat s’est inscrit finalement, ni plus ni moins, dans les pas de ses prédécesseurs.

Sur la forme, il s’est exprimé peu après 20 heures, pendant dix-sept minutes, depuis son bureau, installé dans le salon d’angle au premier étage du palais. Les historiens de l’Elysée noteront que, avant lui, seul Valéry Giscard d’Estaing avait choisi cette pièce pour présenter ses vœux aux Français. Très attaché à la mise en scène de son pouvoir, M. Macron a pris la parole dans un cadre volontairement épuré, assis à une table en marbre, avec, devant lui, une feuille de papier et un simple crayon de bois ; dans son dos, les traditionnels drapeaux français et européen, augmentés du tableau représentant la Marianne de l’artiste Shepard Fairey, alias Obey, le tout devant une fenêtre ouvrant sur le parc du Château.

« Faire ce à quoi je me suis engagé »

Comme de coutume chaque 31 décembre, le chef de l’Etat a rendu hommage aux militaires français engagés à l’étranger et aux forces de l’ordre, et a eu une pensée pour les Français seuls en ce soir de réveillon. Sur le fond, M. Macron a tenu surtout à réaffirmer son identité politique. Après huit mois de mandat, l’ancien candidat de la disruption a défendu son premier bilan gouvernemental, citant notamment la loi travail et les mesures dans l’éducation nationale, et rappelé qu’il avait été élu pour « faire ce à quoi [il s’était] engagé ».

Une caractéristique souvent mise à son crédit dans les enquêtes d’opinion sur sa popularité, et qu’il a l’intention de perpétuer en 2018, alors que plusieurs réformes d’envergure (assurance chômage, formation professionnelle, loi sur l’immigration, réforme de la Constitution, etc.) sont à l’agenda des prochains mois. « Je continuerai à faire ce pour quoi vous m’avez élu », a-t-il expliqué. Un message directement adressé à ses détracteurs et aux différentes oppositions, de gauche comme de droite, à sa politique : « toujours j’écouterai, j’expliquerai, je respecterai, mais toujours à la fin je ferai (…) C’est ce que vous attendez de moi », a-t-il ainsi résumé.

Corriger son image

Mais, par petites touches, M. Macron a tenu également à corriger son image. Qualifié de « président des riches » par ses adversaires, souvent critiqué dans les sondages pour son manque d’empathie ou de proximité, le président de la République a particulièrement insisté sur les valeurs de « fraternité », de « cohésion nationale » et de « collectif ». Citant les « territoires ruraux », les « quartiers populaires », les « agriculteurs » ou les « fonctionnaires », il a ainsi tenté de montrer qu’il s’adressait à tous les Français et pas seulement à ceux qui vont bien et tirent profit de la mondialisation, comme le reproche lui en est souvent fait.

Alors qu’il avait vanté le 15 octobre sur TF1 la réussite des « premiers de cordée » qui tirent, selon lui, l’ensemble de la société vers l’avant, M. Macron a cette fois semblé regretter « les succès de quelques-uns qui nourrissent les égoïsmes et les cynismes ». Il a également critiqué les « divisions irréconciliables [qui] minent le pays » et défendu « un grand projet social » à venir pour le pays, sans pour autant le détailler.

Cette évolution du discours présidentiel ne s’applique pas en revanche à l’accueil des migrants en France. Critiqué récemment pour sa politique, jugée comme une des plus dures de ces dernières décennies en France, le chef de l’Etat a, certes, reconnu de possibles « tensions éthiques », mais il a refusé de reculer, se maintenant derrière sa « ligne humanité et efficacité ». Si le droit d’asile pour les réfugiés est « un devoir moral [que] nous respecterons », M. Macron a également précisé que « nous ne pouvons accueillir tout le monde ».

Fidèle à sa volonté de « faire vivre la renaissance française » - une expression qu’il avait déjà employée lors de son entrée en fonction le 14 mai - le chef de l’Etat, qui vient d’avoir 40 ans, a conclu ses premiers vœux aux Français par un appel à l’action : « Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays », a-t-il déclaré. Des mots directement empruntés à ceux d’un autre président quadragénaire célèbre, le président américain John Fitzgerald Kennedy qui, lors de son discours d’investiture à la Maison-Blanche en 1961, avait lancé à ses compatriotes américains : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais bien ce que vous pouvez faire pour votre pays ».