Le chef historique du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, Abubakar Shekau, a revendiqué les dernières attaques commises dans le nord-est du Nigeria dans une vidéo envoyée lundi 1er janvier à l’Agence France Presse, dans un contexte de résurgence des violences.

« Nous sommes en bonne santé et rien ne nous est arrivé », lance comme une provocation le leader du groupe qui continue à semer le chaos dans toute la région du lac Tchad. « Nous avons mené les attaques sur Maiduguri, à Gamboru et à Damboa. Nous revendiquons toutes ces attaques », ajoute-t-il dans cette vidéo – la première depuis le mois d’août –, s’exprimant en arabe puis en langue haoussa.

Points de contrôle, convoi de marchandises…

Les attentats-suicides, les raids sur les villages, les villes et les postes militaires se sont multipliés ces deux derniers mois. Début décembre 2017, le groupe djihadiste a mené une attaque sur un point de contrôle de l’armée à Damboa, faisant au moins quatre morts et douze blessés.

A Gamboru, à la frontière avec le Cameroun, au moins quatre personnes ont été tuées dans l’attaque d’un convoi de marchandises, mi-décembre. Les insurgés avaient également réussi à emporter un camion transportant de l’aide alimentaire destinée aux milliers de personnes déplacées par les violences.

Pendant le week-end de Noël, des hommes armés ont attaqué plusieurs points de contrôle à l’entrée de Maiduguri, capitale de l’Etat du Borno, berceau de Boko Haram et épicentre des violences. Cette tentative d’incursion a donné lieu à d’importants échanges de tirs, qui ont duré plus d’une heure selon des témoins. Bien qu’il n’y ait pas eu de bilan officiel, plusieurs sources sécuritaires contactées par l’AFP ont fait état de neuf morts, dont deux civils et deux membres du groupe djihadiste.

Le 31 décembre, 25 bûcherons, que Boko Haram accusait d’espionner pour le compte de l’armée et des milices civiles, ont été abattus.

A trois par moto

Toutefois, malgré une évidente résurgence des violences, Shekau, habillé d’une longue tunique blanche et d’un keffieh noir et blanc, apparaît fébrile. Il peine à lire ses notes, tenues dans un classeur bleu d’écolier.

Dans des images diffusées après son discours, les djihadistes attaquent les points de contrôle et la ville de Maiduguri en haillons, à pied ou se déplaçant à trois par moto. Ils tirent au hasard et dans la confusion, sans grande stratégie de combat apparente. Les images suivantes montrent des tanks et des pick-up volés à l’armée nigériane, ainsi que d’importantes prises de munitions, notamment de lance-roquettes.

Le conflit, qui a éclaté en 2009 sous le commandement de Shekau, a fait plus de 20 000 morts et plus de 2 millions de déplacés. Le nord-est du Nigeria fait face à une très grave crise humanitaire et alimentaire.

Mais le groupe est désormais divisé en deux factions rivales : celle d’Abubakar Shekau et celle dirigée par Abou Moussab Al-Barnaoui, reconnue par l’organisation Etat islamique.