Beatrix von Storch, responsable du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne, le 24 octobre au Bundestag, à Berlin. / Hannibal Hanschke / REUTERS

A peine entrée en vigueur, la loi allemande qui oblige les grandes entreprises du Web à lutter plus durement contre les discours de haine fait débat. En vertu de cette nouvelle législation, un message publié sur Twitter et sur Facebook par la responsable du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) Beatrix von Storch, a été supprimé par ces réseaux sociaux, au motif qu’il pouvait constituer une « incitation à la haine ».

La responsable politique avait en effet publié après le Nouvel An un bref message s’indignant du fait que la police de Cologne avait publié des messages de prudence et d’information à la population locale, les traduisant notamment en arabe. « Que diable se passe-t-il dans ce pays ? Pourquoi la police publie-t-elle désormais ses messages officiels en arabe ? », a écrit Beatrix von Storch, avant d’ajouter : « S’adresse-t-elle par ce biais aux hordes d’hommes barbares, musulmans et violeurs pour chercher à les amadouer ? »

La femme politique faisait ainsi référence explicite aux agressions sexuelles dont avaient été victimes de nombreuses femmes à Cologne lors du réveillon de la Saint-Sylvestre 2016 de la part de jeunes migrants.

Législation « liberticide »

Un message que le porte-parole de la police de Cologne n’a que peu apprécié, puisqu’il a décidé de porter plainte pour « incitation à la haine ». Le parquet de la ville a déclaré en parallèle avoir été saisi de plusieurs centaines d’autres plaintes sur le même sujet provenant de particuliers.

Twitter et Facebook ont aussitôt retiré le message des comptes de l’élue AfD, en vertu de la nouvelle législation allemande visant à sanctionner plus durement les prises de position considérées comme incitant à la haine sur les réseaux sociaux. Entrée en vigueur au 1er janvier, cette loi oblige les plates-formes comme Facebook, Twitter ou YouTube à supprimer le plus souvent dans un délai de vingt-quatre heures les messages au contenu pénalement punissables, sous peine de fortes amendes.

Le coprésident de l’AfD, Alexander Gauland, a dénoncé une législation « liberticide ». « Ces méthodes dignes de la Stasi me rappellent la RDA », a-t-il dit mardi, en référence à l’ancienne police politique du régime communiste.