Des pancartes en faveur de la PMA, lors de la marche des fiertés, le 29 juin 2017, à Paris. / LIONEL BONAVENTURE / AFP

Alors que s’ouvriront les états généraux de la bioéthique le 18 janvier, un sondage IFOP dresse un vaste état des lieux de l’opinion des Français sur la procréation médicalement assistée (PMA), la gestation pour autrui (GPA), l’euthanasie, le suicide assisté et la modification génétique des embryons humains.

Six Français sur dix sont favorables à la PMA pour les couples de femmes homosexuelles, selon le sondage, publié mercredi 3 janvier dans le quotidien La Croix. Ils étaient un peu moins d’un quart, soit 24 %, à y être favorable en 1990, souligne le journal. Une majorité (57 %) pensent que les femmes célibataires devraient aussi pouvoir recourir à la PMA (insémination artificielle), un chiffre qui a en revanche peu évolué sur cette période.

En France, l’aide médicale à la procréation est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles. En Europe, la PMA est autorisée pour les couples de même sexe dans sept pays : Finlande, Suède, Danemark, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni et Espagne.

Autre sujet qui déchaîne les passions : la gestation pour autrui, appelée GPA, recueille l’approbation des sondés : 64 % se disent favorables à ce que l’on autorise en France le recours à une mère porteuse, dont 18 % « dans tous les cas » et 46 % « pour des raisons médicales seulement ». La gestation pour autrui, elle, est autorisée au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Grèce.

« Aucun clivage majeur »

Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP, ne relève dans cette enquête « aucun clivage majeur, ni entre les générations, ni selon les préférences politiques », selon un communiqué du quotidien. « Cela confirme qu’il s’agit d’une vague de fond », ajoute-t-il.

Ces chiffres confortent d’ailleurs une précédente enquête IFOP parue en septembre 2017, montrant qu’au moins 64 % des Français sont favorables à l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples lesbiens.

La PMA pour toutes, célibataires ou en couple, est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Il a depuis souhaité qu’un « débat apaisé » puisse avoir lieu « durant l’année 2018 ». L’Elysée se dit soucieux en effet d’éviter de nouvelles tensions politiques et sociales semblables à celles qui avaient émaillé le débat parlementaire sur le projet de loi instaurant le mariage pour tous, au début du quinquennat de François Hollande. Le comité d’éthique s’est prononcé en juin en faveur de cette mesure.

90 % des Français estiment, en outre, que la gratuité du don de gamète (ovocytes ou spermatozoïdes) doivent être conservés. Et 85 % défendent également l’anonymat. Par ailleurs, la grande majorité, soit 80 % d’entre eux, se prononce en faveur de la modification génétique des embryons humains mais « pour guérir les maladies les plus graves avant la naissance ».

Faire évoluer la fin de vie

En revanche, ils sont tout aussi nombreux (78 %) à rejeter le recours aux manipulations génétiques « pour améliorer certaines caractéristiques des enfants à naître (obésité, couleurs des yeux…) ».

Une grande partie de la société, soit 89 % des personnes interrogées, se prononce aussi pour une évolution de la loi sur la fin de vie, note le quotidien : pour 47 %, il faut légaliser l’euthanasie, pour 24 %, il faut légaliser l’euthanasie et le suicide assisté, et pour 18 %, le suicide assisté. Par contre, 11 % estiment qu’il ne faut pas changer la législation actuelle.

 > Sondage IFOP pour La Croix et le Forum européen de bioéthique réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1 010 personnes de 18 ans et plus (questionnaire auto-administré en ligne du 8 au 11 décembre 2017).

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