Cela ressemble à un règlement de comptes en bonne et due forme. Donald Trump Jr. a commis une « trahison » en rencontrant une avocate russe qui offrait des informations compromettantes sur Hillary Clinton avant l’élection présidentielle états-unienne, estime l’ex-conseiller du président, Steve Bannon, dans un livre à paraître.

L’entourage de M. Trump est au centre d’une enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion avec la Russie en vue d’influencer l’élection de novembre 2016 au profit du candidat républicain.

Les enquêteurs s’intéressent notamment à une rencontre, organisée en juin 2016, – celle dont parle Steve Bannon – entre le fils aîné de M. Trump, accompagné de son beau-frère Jared Kushner et Paul Manafort, alors directeur de campagne du candidat républicain, et Natalia Veselnitskaya. Mais selon le clan Trump, cette rencontre n’a duré que « quelques minutes » et l’avocate prétendument liée au Kremlin n’a donné « aucune information de valeur » pour incriminer la candidate démocrate.

Dans cet ouvrage, l’ancien stratège controversé de la Maison Blanche estime que cette rencontre est une « trahison » « antipatriotique », et même une « connerie » qui aurait dû arriver aux oreilles du FBI.

Rencontre dans la Trump Tower

« Les trois personnes les plus importantes de la campagne ont pensé que c’était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger dans la Trump Tower, dans la salle de conférence du 25e étage, sans avocats. Ils n’avaient pas d’avocats », explique M. Bannon à Michael Wolff, auteur du livre Le Feu et la Fureur : dans la Maison Blanche de Trump », cité par le quotidien anglais The Guardian.

L’affaire russe commence en 2015, lorsque le renseignement américain fait état d’une première intrusion russe dans le réseau numérique du Parti démocrate. Une première enquête est ouverte en juillet 2016 par le FBI, mais elle n’est confirmée publiquement par son directeur, James Comey, que le 30 mars 2017, devant une commission parlementaire. Donald Trump, élu le 8 novembre 2016 et investi le 20 janvier 2017, rencontrera par deux fois James Comey, exigeant de lui sa « loyauté » et lui suggérant d’abandonner les pistes concernant Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale.

Le 9 mai, Donald Trump démet James Comey de ses fonctions de directeur du FBI, provoquant de nombreuses craintes sur un possible abandon de l’enquête. Huit jours plus tard, le 17 mai, le ministre adjoint de la justice, Rod Rosenstein, nomme officiellement Robert Mueller procureur spécial chargé de l’enquête. La nomination de l’ancien directeur du FBI, dont le CV, l’expérience et la capacité de résister aux pressions sont largement reconnus, est saluée à la fois par les démocrates et par les républicains. Après plusieurs mois de travail, l’enquête aboutit, lundi 30 octobre, à trois premières inculpations, dont celle de Paul Manafort.