Emilie König, figure de la mouvance djihadiste française, détenue par les forces kurdes en Syrie, demande son rapatriement aux autorités françaises, « qui ont l’obligation de la juger », a déclaré son avocat à l’Agence France-Presse (AFP) mercredi 3 janvier.

Emilie König « est la mère de trois enfants français », et « tout doit être mis en œuvre pour faciliter leur rapatriement, conformément aux engagements internationaux de la France », a aussi réclamé son avocat, Me Bruno Vinay, dans un communiqué.

Elle « se tient à la disposition de la justice […] dans un esprit de coopération », a-t-il ajouté, appelant les autorités françaises et kurdes « à faciliter l’exécution de son mandat d’arrêt ». Arrêtée au début de décembre, cette propagandiste et recruteuse notoire se trouve détenue dans un camp kurde en Syrie avec son garçon de quatre ans et ses jumelles d’un an, en compagnie d’autres femmes françaises.

« Nous sommes en mesure de les juger en Syrie, ou de les remettre aux autorités françaises si elles en font la demande. La volonté de la France sera respectée », avait assuré le représentant en France du Kurdistan syrien, Khaled Issa, au Monde, mardi

« Politique arbitraire »

La jeune femme de 33 ans est réclamée par la justice française depuis 2015 dans le cadre d’une enquête liée à la filière dite « de Nîmes ». Elle avait demandé le mois dernier son rapatriement au ministère français des affaires étrangères. Mais, selon l’avocat, la « protection consulaire » lui a été refusée au motif que la France « ne disposait pas de représentation en Syrie depuis 2012 ». Les autorités françaises lui ont alors suggéré de se tourner vers la Croix-Rouge, selon Me Vinay.

Pour l’avocat, « l’institution judiciaire française est bien légitime à la juger dès lors que, de l’aveu même du ministre des affaires étrangères, il n’existe pas sur son lieu de détention d’autorités identifiées pour le faire ».

Partie en Syrie en 2012, laissant ses deux premiers enfants, la Lorientaise avait été placée sur la liste noire des combattants les plus dangereux par l’ONU en septembre 2014. Les renseignements avaient intercepté ses appels récurrents à attaquer les institutions françaises ou à s’en prendre aux femmes de soldats français.

Me Vinay redoute « une politique arbitraire » qui sélectionnerait « les djihadistes rapatriables en fonction de critères subjectifs, comme leur importance ou leur niveau de repentir ». Le cas des femmes et de leurs enfants est le plus épineux, et Emmanuel Macron a assuré en novembre que leur sort serait examiné au « cas par cas ».