Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation nationale, à Marseille, en novembre 2016. / BERTRAND LANGLOIS / AFP

Finalement, c’est un non. Najat Vallaud-Belkacem annonce dans une interview à L’Obs, à paraître jeudi 4 janvier, qu’elle ne sera pas candidate au poste de première secrétaire du Parti socialiste. « L’avenir de la gauche dépasse de très loin la question de l’appareil socialiste », explique l’ancienne ministre de l’éducation, qui était poussée par nombre de ses camarades à se présenter au vote des militants dans la perspective du congrès des 7 et 8 avril.

« Je sais que cela peut paraître étrange de ne pas céder à l’amicale pression de ses amis (…) mais je veux vraiment réfléchir, travailler et comprendre d’autres mondes que le seul monde politique. »

Elle poursuit en assurant n’avoir « jamais voulu d’une vie réduite à la politique ».

Si Mme Vallaud-Belkacem a « toujours en [elle] autant d’engagement qu’auparavant », elle dit ressentir « depuis plusieurs mois le besoin de l’exprimer autrement ». Dans sa « nouvelle vie », elle va prendre la direction, au sein de la maison d’édition Fayard, d’une collection d’essais nommée « Raison de plus », qui sera « consacrée aux batailles culturelles du progressisme ». « Je vois bien que ces idées-là peinent de plus en plus à convaincre les gens. Si nous voulons reconstruire de la conviction, il faut aussi renouveler les savoirs », plaide-t-elle.

Paris pour la succession de M. Cambadélis

L’ancienne ministre met ainsi fin à un suspense de plusieurs semaines. Réunis au sein d’un groupe informel, les autoproclamés « quadras » du Parti socialiste – parmi lesquels le chef de file des députés socialistes Olivier Faure, les maires de Rennes et de Nantes, Nathalie Appéré et Johanna Rolland, ou encore l’ancien ministre de l’intérieur Matthias Fekl – avaient publiquement émis l’idée, dès le mois de novembre 2017, d’une candidature de Mme Vallaud-Belkacem. Mais cette dernière était jusqu’ici restée silencieuse sur ses intentions, et cette interview est la première qu’elle donne depuis sa défaite aux législatives dans le Rhône, en juin 2017.

La décision de Najat Vallaud-Belkacem va en tout cas ouvrir de nouveaux paris pour la succession de Jean-Christophe Cambadélis, qui a officiellement quitté le premier secrétariat du Parti socialiste le 30 septembre 2017. « C’est elle qui a les clés, confiait encore récemment un poids lourd du parti. Tout le monde est suspendu à sa décision pour savoir comment les pièces vont se disposer. »

Dès lors qu’elle renonce à se présenter, la voie est en effet ouverte à d’autres candidatures : les « quadras » devraient désigner un nouveau représentant, et Stéphane Le Foll, désormais seul potentiel candidat à avoir été ministre de François Hollande, pourrait décider de franchir le pas.

L’eurodéputé Emmanuel Maurel, lui, ne fait guère mystère de son intention de briguer le poste. Il devrait l’officialiser sous peu et rejoindre le député Luc Carvounas, qui est actuellement le seul candidat déclaré.

Les prétendants au poste ont jusqu’au 27 janvier pour se faire connaître : ce jour-là, un conseil national, sorte de parlement du parti, doit enregistrer les textes d’orientation des candidats. Le vote de ces motions par les militants aura lieu le 15 mars et l’élection du premier secrétaire se fera le 29 mars, parmi les deux textes arrivés en tête.