Un centre d’accueil de migrants, à Berlin, en décembre 2017. / BERND VON JUTRCZENKA / AFP

Cela avait été l’un des points de crispation majeurs causant l’échec des pourparlers entre libéraux-démocrates, conservateurs et écologistes allemands en vue de la formation d’une coalition dite « jamaïcaine », le 19 novembre 2017. La politique migratoire pourrait être de nouveau le sujet le plus délicat des négociations engagées en ce début d’année entre conservateurs et sociaux-démocrates afin de parvenir à la constitution d’un nouveau gouvernement, alors qu’un rapport commandé par le gouvernement et publié le 3 janvier affirme que le nombre de crimes violents a augmenté de 10,4 % entre 2014 et en 2016 en Basse-Saxe – le Land pris pour exemple dans l’étude – et que cette hausse serait due pour plus de 90 % aux demandeurs d’asile.

Selon les auteurs de l’étude, cela s’expliquerait essentiellement par la différence de la structure de population des demandeurs d’asile, plus jeune et plus masculine que la moyenne. Mais, en amont de ces discussions, les conservateurs bavarois de la CSU ont décidé de se montrer offensifs, formulant des exigences qui vont au-delà de l’accord qu’ils ont scellé il y a quelques mois avec la CDU d’Angela Merkel. Parmi leurs propositions, le rallongement de quinze à trente-six mois du délai au terme duquel les demandeurs d’asile pourraient bénéficier des aides sociales accordées aux autres citoyens, ou encore l’instauration de tests médicaux visant à vérifier l’âge des jeunes demandeurs d’asile afin d’éviter les fraudes en cas de doute.

Cette idée a été lancée à la suite du décès d’une adolescente de 15 ans, poignardée par un réfugié afghan du même âge, à Kandel (Rhénanie-Palatinat). Selon le père de la victime, l’auteur des faits, qui était le petit ami de celle-ci, a déclaré à l’état civil un âge nettement inférieur à son âge véritable afin de s’assurer de pouvoir rester en Allemagne. Promue par la CSU bavaroise, la proposition a été reprise, mercredi 3 janvier, par le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU).

Le Parti social-démocrate (SPD) a déjà fait savoir qu’il était opposé à l’ensemble de ces mesures. Ses dirigeants ont toutefois réagi de façon relativement modérée aux propositions de la CSU, formulées à la veille des assises à huis clos du parti bavarois, qui se tiennent en cette fin de semaine. « Il faut voir plus loin que [cette réunion] », a ainsi laconiquement réagi Martin Schulz, le président du SPD. Une façon de sous-entendre que la CSU, en formulant de telles exigences, chercherait avant tout à marquer un rapport de force purement tactique, mais pourrait être amenée dans les semaines qui viennent à assouplir ses positions.