Les femmes djihadistes françaises arrêtées et détenues par les forces kurdes en Syrie pourront être jugées dans le « Kurdistan syrien » si les « institutions judiciaires sont en capacité d’assurer un procès équitable » avec des « droits de la défense respectés », a déclaré jeudi 4 janvier le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux.

« Quel que soit le crime qui ait été commis, même le plus abject, il faut que la défense puisse être assurée pour des ressortissants français à l’étranger. » « Il faut en avoir l’assurance », a-t-il également ajouté sur RMC et BFM-TV.

Ces déclarations interviennent après qu’une figure de la mouvance djihadiste française, Emilie König, détenue par les forces kurdes en Syrie, a demandé son rapatriement en France, par l’intermédiaire de son avocat. Arrêtée au début du mois de décembre, elle est détenue avec son garçon de quatre ans et ses jumelles d’un an, en compagnie d’autres femmes françaises.

Une demande de rapatriement

« Nous sommes en mesure de les juger en Syrie, ou de les remettre aux autorités françaises si elles en font la demande. La volonté de la France sera respectée », avait, de son côté, assuré le représentant en France du Kurdistan syrien, Khaled Issa, au Monde, mardi.

La jeune femme de 33 ans est réclamée par la justice française depuis 2015 dans le cadre d’une enquête liée à la filière dite « de Nîmes ». Elle avait demandé le mois dernier son rapatriement au ministère français des affaires étrangères. Mais, selon l’avocat, la « protection consulaire » lui a été refusée au motif que la France « ne disposait pas de représentation en Syrie depuis 2012 ». Les autorités françaises lui ont alors suggéré de se tourner vers la Croix-Rouge, selon Me Vinay.

Pour l’avocat, « l’institution judiciaire française est bien légitime à la juger dès lors que, de l’aveu même du ministre des affaires étrangères, il n’existe pas sur son lieu de détention d’autorités identifiées pour le faire ».

Ce que disait le gouvernement

Evoquant son cas ainsi que celui d’autres Françaises dans des circonstances similaires, M. Griveaux a fait savoir : « Ce sont les informations à l’heure actuelle dont on dispose : qu’elles ont été arrêtées, et a priori qu’elles ne se sont pas rendues d’elles-mêmes, qu’elles ont été arrêtées en combattant. »

Interrogé le 31 octobre sur le sort de familles de djihadistes retenues en Syrie, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, avait estimé qu’elles pouvaient potentiellement être jugées en France. « Il n’y a pas d’Etat constitué, on voit bien qu’il y a des zones contrôlées par les uns et par les autres, dans ce cas-là, le ministère des affaires européennes et étrangères a dit qu’il prendrait en charge ces personnes et qu’éventuellement il les ferait rentrer en France », avait-il alors déclaré sur RTL.

Concernant les djihadistes détenus en Irak, cependant, il avait assuré qu’ils seraient jugés sur place, car « l’Irak est un Etat de droit ». C’est également ce qu’avait répété le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dix jours plus tard.