Jorge Nieto, alors ministre de la défense (à gauche sur cette photo), en  compagnie du président du Pérou, Pedro Pablo Kuczynski (au centre), à Lima, le 29 juillet 2017. / ERNESTO BENAVIDES / AFP

La grâce accordée à Alberto Fujimori continue de susciter l’indignation au Pérou. Le ministre de la défense, Jorge Nieto, a démissionné mercredi 3 janvier en signe de protestation après la grâce accordée par le chef de l’Etat Pedro Pablo Kuczynski à l’ex-président péruvien, condamné pour crimes contre l’humanité.

« Oui, il a démissionné », a indiqué à l’Agence France-Presse une source ayant requis l’anonymat au sein du ministère de la défense.

La démission de M. Nieto, un homme politique de gauche, intervient une semaine après celle du ministre de la culture, Salvador del Solar, qui s’était toujours dit opposé à un geste envers M. Fujimori.

Le 30 décembre, plus de 230 écrivains péruviens, dont le Prix Nobel Mario Vargas Llosa, ont signé un manifeste dans lequel ils qualifiaient cette grâce « d’illégale et d’irresponsable ».

Critiques et manifestations

M. Fujimori, qui a été président du Pérou de 1990 à 2000, purgeait une peine de 25 ans pour corruption et crimes contre l’humanité. Il a été gracié le 24 décembre par l’actuel président. Cette mesure a suscité de nombreuses critiques à l’étranger et provoqué des manifestations de Péruviens, qui accusent M. Kuczynski d’avoir négocié cette mesure en échange de son maintien au pouvoir avec le soutien du mouvement politique fondé par M. Fujimori.

Le 22 décembre, le ministre de l’intérieur Carlos Basombrio avait démissionné, quelques heures après le vote du Parlement rejetant la demande de destitution de M. Kuczynski.

L’actuel chef de l’Etat était accusé de corruption pour ses liens avec Odebrecht, le géant du BTP brésilien qui a reconnu avoir payé près de cinq millions de dollars à des entreprises de conseil directement liées au chef de l’Etat, alors ministre, entre 2004 et 2013.

Alberto Fujimori avait été condamné en 2009 pour corruption et crimes contre l’humanité pour avoir commandité l’assassinat de 25 personnes aux mains d’un escadron de la mort durant la guerre contre les guérilleros du Sentier Lumineux (extrême gauche maoïste).

L’ancien président d’origine japonaise se trouve depuis le 23 décembre à la clinique Centenario, un établissement situé à Lima et où il a été hospitalisé d’urgence pour hypotension et arythmie cardiaque.