Mardi 2 janvier, l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni a été élu président de l’Assemblée de Corse, et Gilles Simeoni, à la présidence du conseil exécutif de Corse. / PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Les nationalistes Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, élus mardi 2 janvier à la tête de la nouvelle collectivité territoriale unique corse, ont salué vendredi à Ajaccio un « déblocage » dans les discussions, à l’issue de leur rencontre avec Jacqueline Gourault, la « Mme Corse » du gouvernement.

« On est clairement en présence d’un déblocage de la question constitutionnelle, ce qui n’est pas rien », s’est félicité l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni, appuyé par Gilles Simeoni. M. Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, et M. Talamoni, président de l’Assemblée de l’île, avaient fait part de plusieurs revendications à la suite de la victoire de la coalition nationaliste aux dernières élections territoriales, en décembre.

Certaines revendications des nationalistes corses, comme la coofficialité de la langue corse et du français, exigent une révision de la Constitution, ce que le premier ministre, Edouard Philippe, avait semblé écarter le 12 décembre. Les nationalistes réclament également une amnistie des « prisonniers politiques » et un statut de résident corse permettant de protéger les insulaires de la spéculation immobilière.

Gilles Simeoni avait déploré mardi qu’un « certain nombre de prises de position directes et indirectes de membres du gouvernement, et notamment du premier ministre, [ne soient] pas à la hauteur » des attentes des nationalistes corses. « Si une Constitution ne permet pas de reconnaître un peuple, c’est à la Constitution de changer et pas au peuple de disparaître », avait déclaré le leadeur autonomiste sur France Inter.

Instance inédite

La collectivité territoriale unique, à forte dominante nationaliste (41 des 63 sièges), est une instance inédite en France, une superrégion qui fusionne l’ancienne collectivité (région) et les deux départements corses.

Mardi, le leadeur indépendantiste Jean-Guy Talamoni a été largement élu président de l’Assemblée de Corse (40 voix sur 63), tout comme Gilles Simeoni à la présidence du conseil exécutif de Corse (42 voix sur 63). La séance, qui a duré près de cinq heures, s’est terminée par une grande accolade des deux présidents, élus et sympathisants enthousiastes entonnant l’hymne corse, Diu vi Salve Regina, puis l’hymne nationaliste. Les deux hommes ont prêté serment sur la Constitution corse de 1755, un acte symbolique similaire à celui de leur installation en décembre 2015 dans la précédente collectivité territoriale, mais qui, cette fois-ci, n’a pas semblé choquer leurs opposants.