Depuis le démarrage de la formation en équitation éthologique, le Hara de la Cense a formé une centaine de stagiaires, principalement des jeunes femmes. / lacense.com

Dans la grande tendance des sports au plus près de la nature, l’équitation éthologique tient une bonne place. Il n’est plus guère de centre hippique en France où l’on n’enseigne pas aux cavaliers à observer et à comprendre le comportement de leur animal, pour s’assurer de son bien-être et mieux faire corps avec lui. Une approche qu’il ne faut pas confondre avec l’éthologie proprement dite, la science du comportement de l’animal – qui exige une formation de haut niveau. Et qui est en outre fort peu pourvoyeuse de débouchés, puisque, selon Charlène Lourd, conseillère chez Equi-ressources, l’observatoire des métiers, des formations et de l’emploi de la filière équine, « il y a actuellement quatre éthologues répertoriés en France ».

« On n’a pas d’horaires, on travaille avec des êtres vivants… » Manuel Godin, directeur technique du Haras de la Cense

En revanche, les formations en équitation éthologique se multiplient, face à la forte demande d’un public qui veut considérer le cheval autrement que comme une simple monture. Premiers concernés, les professionnels en activité complètent ainsi leur savoir-faire. En matière de formation initiale, le choix est plus restreint : seul le Haras de la Cense, installé sur 200 hectares dans la forêt de Rambouillet, dans les Yvelines, en propose une. Etalée sur deux ans, cette formation mène au BP Enseignement et permet de passer les brevets fédéraux d’équitation de 1er et de 2e niveau. La Cense prépare à « des diplômes reconnus par l’Etat ou la Fédération française d’équitation ».

Pour ceux qui souhaitent travailler dans le secteur du tourisme, le haras propose également des diplômes d’accompagnateur de tourisme équestre et le brevet fédéral d’équitation éthologique de niveau 1. Une partie de la formation a lieu en Corse. Enfin, à l’initiative du professeur Axel Kahn, a été créé un diplôme universitaire « Bien-être, éthique et doit du cheval » avec l’université Paris-Descartes.

Engagement total

« Le métier, ce n’est pas juste galoper sur la plage, prévient Manuel Godin, directeur technique du haras yvelinois. Durant la formation, on vit la plupart du temps dehors, on est aux écuries dès le matin pour nourrir les chevaux, et encore le soir pour les nourrir et les soigner – et cela tous les jours de la semaine. » A plein temps auprès des chevaux, dans le cadre exceptionnel du haras, les stagiaires – une vingtaine par promotion au maximum – vivent au plus près de l’animal, dont ils développent les capacités d’apprentissage. Bases du travail à pied, travail monté, travail en liberté : les exercices, structurés en huit degrés, permettent d’approfondir et de développer au maximum la relation avec son cheval.

Depuis le démarrage de la formation en équitation éthologique, le Hara de la Cense a formé une centaine de stagiaires, principalement des jeunes femmes. / lacense.com

L’engagement est total, souligne Manuel Godin : « On n’a pas d’horaires, on travaille avec des êtres vivants, on ne peut pas toujours prévoir leurs besoins, ils peuvent être malades, blessés, et il faut s’en occuper tout en restant rigoureux… » L’aspect physique du métier, qui amène à travailler avec des animaux pesant 500 kilos, est aussi à prendre en compte – un coach sportif accompagne d’ailleurs les stagiaires. Les apprentis palefreniers iront ensuite parfaire leur formation dans l’Ouest américain, dans un ranch de 35 000 hectares du Montana, où ils s’occuperont durant trois mois de l’éducation des poulains. Un rêve pour les passionnés de canasson, mais un rêve qui a un coût : 18 000 euros pour deux ans.

Depuis le démarrage de la formation en équitation éthologique – la 17e promotion est en cours –, la Cense a formé une centaine de stagiaires. Ce sont principalement des jeunes femmes, à l’image d’un sport qui attire aujourd’hui une grande majorité de petites filles, pour les sensibiliser au sujet et les aider à gérer cet aspect de leur future pratique professionnelle.

Jusqu’à 70 000 euros par an

Aujourd’hui, entre 10 % et 20 % des anciens élèves sont enseignants salariés dans des clubs hippiques, et la moitié sont free-lances, un statut qui se développe dans le milieu équin. « Ils animent des stages dans des clubs, donnent des cours particuliers, travaillent des chevaux de propriétaires », énumère le directeur technique de La Cense. Les plus expérimentés peuvent gagner jusqu’à 70 000 euros annuels. Quelques-uns, plus rares, sont recrutés dans des haras comme celui de Hus, près de Saumur, dans le Maine-et-Loire, où le responsable actuel du pôle « débourrage » est issu de celui de la Cense. Et les professionnels formés à l’éducation éthologique en France sont de plus en plus demandés chez les voisins belges ou suisses, voire outre-Atlantique.

Equi-ressources : www.equiressources.fr

Haras de la Cense : www.lacense.com