Emmanuel et Brigitte Macron en visite à Xi’an, en Chine, lundi 8 janvier. / Mark Schiefelbein / AP

Xi’an et la province du Shaanxi, dans le centre de la Chine, où le président français Emmanuel Macron a entamé lundi 8 janvier sa visite d’état en Chine, sont appelées à devenir un lieu privilégié pour la coopération franco chinoise en matière de patrimoine. C’est à Xi’an que se trouve le site de l’armée en terre cuite du premier empereur de Chine, Qin Shi Huang, au IIIe siècle avant notre ère, ainsi que son mausolée, jamais exploré à ce jour. Ce célèbre site, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, a été visité par le couple Macron. La région, qui fut la capitale de la Chine des Tang, est riche d’un incroyable potentiel de fouilles, avec une multitude de mausolées, mais aussi de temples.

Cette coopération nouvelle dans le domaine du patrimoine, initiée en 2014 après le réchauffement des relations franco-chinoises, a conduit à l’organisation en novembre 2017 d’un premier colloque qui a réuni 350 experts de toute la Chine et les représentants des principales institutions françaises dans le domaine du patrimoine.

« On a toujours eu une forme de projection internationale, or, travailler avec la Chine est très important explique au Monde, en marge de la visite présidentielle, Philippe Barbat, directeur de l’Institut national du Patrimoine. Cest un pays où le rapport du patrimoine est en train d’évoluer de manière spectaculaire. Les Chinois on une insistance nouvelle dans ce domaine, ils sont doués, plein d’énergie, très désireux d’atteindre le plus haut niveau international, mais nous avons une petite avance sur le savoir-faire et la méthodologie en France. Nous avons une expertise en matière de restauration du patrimoine qu’ils n’ont pas encore atteint » .

Les Français distancés

Les Français avaient été distancés en Chine par les Italiens et les Allemands, déjà présents de longue date, notamment sur le site de l’armée en terre cuite. Les Italiens travaillent notamment sur la polychromie des statues de guerriers. Ces opérateurs français, regroupés dans un consortium, ont signé en novembre 2017 un accord avec le Bureau du patrimoine du Shaanxi pour œuvrer à la restauration de la structure et des peintures d’un temple taoïste, le gongshu tang, sous la forme de chantiers-école, sous l’égide d’une professeure de l’Institut national du Patrimoine. Il s’agit d’établir « un partage de pratiques avec les restaurateurs chinois » précise M. Barbat.

Le temple est situé dans un village à proximité de Xi’an. Ces peintures, très fines, représentent des scènes religieuses chinoises. Il faut en bloquer la dégradation et tenter de redonner leur subtilité aux couleurs et aux traits. D’autres sites ont été proposés par les Chinois pour une collaboration scientifique et technique, dont un constitué de très grosses sculptures en pierre, datant du début de l’ère chrétienne et représentant des animaux. « Toutes sortes de mécanismes de dégradation sont en œuvre, liés à la qualité de la pierre et aux intempéries » explique Philippe Barbat. L’une des sculptures représente un tigre. Une autre, très connue, met en scène un cheval en train d’écraser un envahisseur barbare.