Le joueur Mickely3, terminant le jeu « Hollow Knight » en un peu plus de 38 minutes.

Finir Super Mario World en quarante minutes ou le premier Zelda sans ramasser un seul cœur, c’est le genre d’exploits dont sont capables certains des meilleurs joueurs au monde.

Les organisateurs de l’Awesome Games Done Quick (« des jeux incroyables terminés vite fait ») en ont réussi un autre : réunir 150 de ces joueurs d’exception à Washington pour, toute une semaine durant, faire la démonstration jour et nuit de leur skill (adresse).

Née en 2010, l’initiative, tous les six mois, réunit des centaines de milliers de spectateurs sur la plate-forme de diffusion vidéo Twitch. Un marathon spectaculaire, mais également caritatif : sorte de Téléthon du jeu vidéo, il est l’occasion pour les spectateurs de donner au profit de la Prevent Cancer Foundation (la fondation pour la prévention du cancer). L’an dernier, l’Awesome Games Done Quick et son équivalent estival, le Summer Games Done Quick, avaient permis de récolter quatre millions de dollars (3,35 millions d’euros).

Cette première édition 2018 a commencé, dimanche 7 janvier, et s’achèvera dimanche 14 au matin. Déjà, elle a permis de récolter plus de 250 000 dollars et de battre deux records du monde, ceux des jeux Burnout Paradise et Little Big Planet 2.

Final Fantasy VII by ajneb174 in 7:48:04 - SGDQ2017 - Part 125
Durée : 08:01:10

« Zelda » en moins de cinq heures

A qui ça ressemble ? L’Awesome Games Done Quick voit se succéder une centaine d’athlètes de salon, terminant, en un temps record, jeux-cultes et perles méconnues, titres courts (Contra, en moins de dix minutes) et monuments réputés interminables (The Legend of Zelda Ocarina of Time, pourtant bouclé en moins de cinq heures).

A leur côté, des commentateurs pointus expliquant au public ce qu’il se passe à l’écran, qui peut parfois, il faut l’avouer, paraître un peu cryptique aux yeux non initiés.

Car, selon les jeux, la performance peut être plus ou moins étonnante. Certains joueurs s’imposent ainsi des handicaps, s’obligeant à tuer tous les boss du jeu dans le désordre, ou à finir le jeu à 100 %, jusque dans ses moindres objectifs secondaires.

Mais le plus incroyable, ce sont, au contraire, les joueurs qui jouent sans contrainte : ceux-là s’amusant alors à « casser » le jeu, le reprogrammant en direct, provoquant des bugs, passant à travers des murs, et sautant des niveaux entiers. Impossible, sinon, de finir un jeu comme Skyrim en 50 minutes (à partir de la 31e minute de la vidéo).

The Legend of Zelda: A Link to the Past by Andy in 1:14:58 - SGDQ2017 - Part 104
Durée : 01:23:47

Et en France aussi

« Au-delà de ces jeux très populaires, il y en a pour tous les goûts, se réjouissait mardi Charles De Clercq, président du FrenchRestream, un collectif francophone qui promeut ce type d’événement. Et nouveauté cette année : des mini-conférences sur l’utilisation de bugs dans les jeux. »

Car même les explications des commentateurs appliqués et enthousiastes ne suffisent pas forcément à s’y retrouver. Une autre barrière subsiste : celle de la langue.

C’est celle-ci que voudrait dépasser LeFrenchRestream. Sur sa chaîne Twitch, ce collectif retransmet en direct l’événement, intégralement commenté en français par ses soins. « Une centaine de commentateurs » vont donc se succéder toute la semaine, tous experts en leur domaine.

« Historiquement, la francophonie a toujours été la deuxième plus grande communauté rassemblée autour du speedrun, rappelle M. De Clercq. L’événement rassemble entre 4 000 et 10 000 spectateurs [francophones] en permanence, 24 heures sur 24. » Il se prend à rêver : « Ce sera sans doute le plus regardé de la plate-forme Twitch France sur le mois de janvier. »