selon une étude TNS Sofres parue en 2012, le kilométrage annuel des utilisatrices principales d’une voiture (11 200 km) est pratiquement le même que celui des hommes (12 500 km). / PIERRE ANDRIEU / AFP

Femme au volant, mort au tournant ? Le dernier bilan de l’accidentalité, publié le 3 janvier par l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR), met en lumière un criant déséquilibre de genre – allant à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle les femmes seraient une population plus accidentogène que les hommes. Eléments d’éclaircissement.

67 % des points de permis retirés concernent les hommes

Sur 13 179 802 points de permis retirés en 2016, 8 850 556 l’ont été à des hommes, soit 67 % des points retirés. Par voie de conséquence, de très fortes disparités s’observent au niveau du capital de points de permis : en 2016, 90,5 % des permis probatoires rendus nuls en raison d’infractions étaient possédés par des hommes, contre seulement 9,5 % par des femmes. Moins criante, mais toujours disproportionnée, la répartition du nombre des infractions ayant entraîné un retrait de points : 64,7 % pour les hommes, contre 35,3 % pour les femmes.

Ces disparités ne peuvent s’expliquer par une moindre représentativité des femmes au volant : selon une étude TNS Sofres parue en 2012, le kilométrage annuel des utilisatrices principales d’une voiture (11 200 km) est pratiquement le même que celui des hommes (12 500 km). De même, la proportion d’hommes et de femmes accédant au permis est à peu de chose près équivalente : selon le rapport 2016 du ministère de l’intérieur portant sur l’examen du permis de conduire, la petite carte rose a été délivrée à 49,1 % de femmes pour 50,9 % d’hommes.

Jusqu’à 95 % des délits commis le sont par des hommes

« Les hommes représentent entre 63 % des infractions de troisième et quatrième classes, punies d’amendes allant de 45 à 375 euros, et jusqu’à 95 % des délits », rappelle le rapport de l’ONISR. Il n’est pas une infraction répertoriée par ce rapport pour laquelle la proportion de femmes dépasse celle des hommes. Si, comme nous l’expliquions le 5 janvier, elles représentent 40 % des infractions sur les règles de priorité, et 38 % des infractions de vitesse, elles ne représentent toujours moins de 7 % des entraves et délits de fuite, usages de stupéfiants et conduite sans permis.

Les femmes minoritaires quant aux « infractions papiers »

Le rapport dressant le bilan des infractions routières en 2016 révèle que 91,6 % des personnes condamnées pour conduite sans permis sont des hommes – et seulement 8,4 % sont des femmes. Cette proportion est encore moindre en ce qui concerne la conduite malgré une suspension de permis : 93,1 % des condamnés sont des hommes, contre 6,9 % de condamnées. De même, sur un ensemble de 30 543 jugements rendus pour défaut d’assurance, 3 597 femmes étaient condamnées… pour 26 946 hommes.

Etat d’ivresse, blessures involontaires et volontaires

Sur 114 810 condamnations pour conduite en état alcoolique en 2015, les hommes représentaient 89,1 % des effectifs des infractions, et les femmes, 10,9 %. Les chiffres des condamnations pour blessures involontaires sans circonstances aggravantes sont tout aussi éloquents : 71,8 % des condamnés sont des hommes, contre 28,2 % de femmes.

De même, les condamnations pour blessures involontaires sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants frappent significativement plus les hommes, qui représentent 88,8 % du panel des condamnés, contre seulement 11,2 % de femmes. Toutefois, la proportion de femmes s’est accrue ces dernières années en matière de conduite en état alcoolique, étant passée de 6 % en 2000 à 11 % en 2015.

88,5 % des homicides involontaires avec circonstances aggravantes sont commis par des hommes

Les homicides au volant ne sont pas épargnés par la disparité entre genres exposée dans les cas précédemment mentionnés. Ainsi, sur 410 condamnés pour homicide involontaire sans circonstances aggravantes, l’on dénombre 74,6 % d’hommes pour 25,4 % de femmes. La proportion chute encore quant aux condamnations pour homicides involontaires commis sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants : 88,5 % de ces dernières ont concerné des hommes et 11,5 %, des femmes.