Le projet de Jardin des savoirs, dans la cour Gribeauval de l’Hôtel de l’Artillerie, dans le VIIe arrondissement de Paris. | © Sogelym Dixence Wilmotte & Associés Architectes

Sciences Po a ouvert en grande pompe les portes de l’Hôtel de l’Artillerie, jeudi 11 janvier, et présenté le projet de son nouveau campus vitrine, en présence de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

Le réaménagement de ces 14 000 mètres, tous proches du siège historique de Sciences Po, rue Saint-Guillaume, a été confié à un consortium d’agences comprenant notamment les agences Wilmotte & associés, Moreau Kusunoki et Sasaki, a annoncé l’institut d’études politiques parisien.

Construit en 1682 et 1740, cet ancien couvent des Dominicains a été reconverti à la Révolution pour un usage militaire. Des explosifs y ayant été fabriqués jusqu’en 1964, un important travail de dépollution est prévu, car le projet architectural prévoit d’ajouter un étage en sous-sol, éclairé par des verrières et permettant notamment d’abriter une bibliothèque de mille mètres carrés. Un potager et un Jardin des savoirs sont également prévus :

Le projet de Jardin des savoirs, dans la cour Gribeauval de l’Hôtel de l’Artillerie, dans le VIIe arrondissement de Paris. | © Sogelym Dixence Wilmotte & Associés Architectes

« Les lieux de savoir doivent être beaux »

Une partie du site est classé au Monument historique, un atout pour Charline Avenel, secrétaire générale de Sciences Po chargée du projet : « Les lieux de savoir doivent être beaux et l’on doit s’y sentir bien », annonce-t-elle, en notant que des grandes universités comme Princeton ont des « espaces très qualitatifs », et qu’un tel cadre de vie permet, à défaut de salaires très élevés, d’attirer des enseignants internationaux.

Sciences Po entend en faire un campus du futur, avec un lieu pour les start-up, un média-lab pour l’école de journalisme, des salles pour l’innovation pédagogique et des espaces modulables et décloisonnables. Il s’agit de s’adapter à la « mutation très profonde de notre métier : avec le numérique, une nouvelle université pourra s’inventer », explique Frédéric Mion, directeur de Sciences Po.

Chacune des écoles internes de Sciences Po (droit, affaires publiques, management de l’innovation, journalisme, etc.) aura une attache et certains de ses cours à l’Artillerie, laquelle comptera également une cafétéria, un jardin, un amphithéâtre extérieur.

Le projet de réaménagement de la Cours Sébastopol | © Sogelym Dixence Wilmotte & Associés Moreau Kusunoki

« L’Etat a chèrement vendu sa peau »

Sciences Po lorgnait sur ce site depuis des années. Son rachat au ministère de la défense, rendu possible par la création de l’état-major central des armées, à Balard (Paris XVe), avait fait l’objet de critiques, et de retards, en raison du prix, finalement fixé à 93 millions d’euros, taxes comprises. « L’Etat a chèrement vendu sa peau », a défendu M. Mion, jeudi.

Mais ces atermoiements auront aussi bénéficié à l’institution, qui a pu profiter de la baisse des taux d’intérêt. Et celle-ci, en regroupant sur ce nouveau site des activités disséminées dans le quartier, économisera environ 11 millions d’euros de loyers, soit environ les échéances du prêt de 160 millions d’euros qu’elle a contracté pour l’opération.

Ce prêt est garanti (à hauteur des trois quarts) par la Ville de Paris, soucieuse de garder dans le quartier cette institution de prestige. Pour boucler l’ensemble du projet, la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) apporte aussi 10 millions sur ses fonds propres, et 20 millions doivent être levés sous forme de dons et de mécénat.

Le projet d’amphitéâtre extérieur dans la cour Gribeauval | © Sogelym Dixence Wilmotte & Associés Moreau Kus

Mille mètres carrés de plus qu’aujourd’hui

En 2021, Sciences Po bénéficiera finalement de 45 000 mètres carrés dans le quartier, soit mille de plus qu’aujourd’hui, répartis sur deux sites voisins dont elle sera intégralement propriétaire. L’ouverture est prévue pour la rentrée de septembre 2021, à l’occasion de la célébration des 150 ans de la création de l’école par Emile Boutmy, en 1871 :

Lire notre récit sur la création de l’école : Sciences Po, le renouvellement des élites

Ce nouveau campus va « parachever la réinvention de cette institution », a salué la ministre de l’enseignement supérieur et de l’innovation, Frédérique Vidal, rendant hommage à la « vision » de son ancien directeur, Richard Descoings, et à sa mise en œuvre par son successeur, Frédéric Mion.

Les évolutions de ces dernières années, avec notamment l’ouverture sociale et internationale, en ont fait, selon elle, une université qui répond aux standards mondiaux les plus élevés. « Le résultat, je tiens à vous le dire, est tout simplement impressionnant », a déclaré la ministre.