Le 10 avril 2017, lors des funérailles de victimes de l’attentat qui a visé une église copte la veille, à Alexandrie (Egypte). / MOHAMED EL-SHAHED/AFP

Au moins 3 066 chrétiens ont été tués dans le monde « pour des raisons liées à leur croyance » entre le 1er novembre 2016 et le 31 octobre 2017, selon une organisation non gouvernementale protestante, Portes ouvertes. L’association publie chaque année un « Index mondial de persécution des chrétiens », qui dresse la liste des cinquante pays où les fidèles de toutes confessions chrétiennes sont le plus maltraités.

Le chiffre de 3 066 chrétiens tués, rendu public mercredi 10 janvier dans l’Index 2018, ne comprend que les faits que l’association a pu « vérifier de manière certaine » sur la base des informations recueillies par ses réseaux dans une soixantaine de pays. Il est en forte augmentation par rapport au rapport de 2017 (1 207), mais loin des 7 106 morts recensés dans l’édition 2016. Le Nigeria arrive en tête, avec 2 000 morts, devant la République centrafricaine (500) et la République démocratique du Congo (136).

Portes ouvertes précise qu’elle n’a pas été en mesure d’obtenir de données fiables pour la Corée du Nord, pays qu’elle place pourtant en tête de son classement des pays les plus hostiles aux chrétiens pour la dix-septième année d’affilée. Elle évalue à 300 000 le nombre de chrétiens qui y vivraient « dans le plus grand secret » dans un contexte de persécution qui ne cesserait de s’accroître. Le pays de Kim Jong-un est à nouveau suivi de près par l’Afghanistan et la Somalie.

Répercussions du « nationalisme religieux » en Asie

Portes ouvertes ne recense pas uniquement les attaques directes contre les personnes et les lieux de culte. Elle prend aussi en compte la condition quotidienne de vie des chrétiens dans chaque pays, que ce soit en termes de droits, de discriminations ou de possibilité de pratiquer le culte. A partir de cet ensemble de données, elle aboutit à un total de 58 pays où s’exerce une « persécution forte à extrême » et détaille la situation dans les cinquante premiers d’entre eux. « Nous constatons que dans ces cinquante pays, le degré de persécution augmente » par rapport à 2017, explique son directeur, Michel Varton.

Parmi ces pays, souligne-t-il, « seuls dix n’ont pas l’extrémisme islamique comme moteur des persécutions ». Pourtant, l’organisation met en relief cette année les répercussions antichrétiennes du « nationalisme religieux » en Asie, et notamment en Inde. « C’est l’un des pays qui a le plus monté dans le classement », arrivant à la onzième place, note M. Varton. L’arrivée au pouvoir de Narendra Modi, indique le rapport, « a entraîné une radicalisation de la société et une montée en puissance de l’hindouisme radical ».

Les faits de persécution recensés contre les chrétiens y sont passés de 147 en 2014 à 443 en 2016, 410 faits étant enregistrés au premier semestre de 2017. Le constat est le même au Népal (25e place), tandis que la situation se dégrade aussi dans les pays majoritairement bouddhistes (Birmanie, Laos, Bhoutan et Sri Lanka).

Au Proche et au Moyen-Orient, insiste Portes ouvertes, la situation ne s’est pas globalement améliorée avec la défaite de l’organisation Etat islamique. Si un mieux est enregistré en Syrie, ce n’est pas le cas en Irak (8e place). La situation se dégrade aussi en Egypte en raison des attentats anticoptes, et en Libye.