Angela Merkel, à Berlin, le 11 janvier. | HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

En arrivant au siège du Parti social-démocrate (SPD), jeudi 11 janvier, à Berlin, pour une cinquième journée consécutive de discussions, Angela Merkel avait pronostiqué que cette dernière serait « compliquée ». La chancelière allemande aurait pu ajouter que la nuit le serait tout autant. Ce n’est que vendredi, un peu avant neuf heures du matin, que les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates ont trouvé un accord en vue de former une « grande coalition », après vingt-quatre heures de pourparlers à huis clos.

Au vu des premiers éléments distillés à la presse, vendredi matin, avant qu’il ne soit entièrement rendu public, l’accord de 28 pages qui a été conclu dans la nuit reprendrait plutôt les propositions des conservateurs en matière de politique migratoire. Ceux-ci auraient ainsi obtenu une très stricte limitation du regroupement familial pour les réfugiés bénéficiant d’une « protection subsidiaire » (ceux qui ont obtenu un titre de séjour d’un an renouvelable). Le principe d’un plafonnement – entre 180 000 et 220 000 – du nombre de demandeurs d’asile susceptibles d’être accueillis chaque année en Allemagne, rejeté jusque-là par le SPD, figurerait également dans l’accord.

De son côté, le SPD n’aurait pas réussi à imposer une augmentation de la fiscalité sur les plus hauts revenus. Mais il aurait obtenu des garanties dans le domaine social, notamment sur le maintien du niveau des retraites, ainsi qu’une avancée en matière d’éducation, avec la possibilité pour l’Etat fédéral de désormais intervenir dans ce secteur resté jusque-là le domaine réservé des Länder. Les deux parties ont convenu de « renforcer de manière durable la zone euro ».

Pas de gouvernement avant mars

Avec l’accord scellé vendredi, qui intervient trois mois et demi après les élections législatives du 24 septembre 2017 et près de deux mois après l’échec d’une première tentative de coalition entre conservateurs, libéraux-démocrates et écologistes, une étape importante a été franchie dans le processus devant conduire à la constitution du nouveau gouvernement.

Mais ce n’est qu’une étape. Dimanche 21 janvier, le SPD doit décider, lors d’un congrès extraordinaire à Bonn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) qui pourrait s’annoncer tendu en raison de l’opposition d’une partie de la base à la reconduction d’une « grande coalition », s’il valide ou non cet accord. Le prochain gouvernement ne pourra en tout cas pas être constitué avant mars.