Le commandant Jean-Noël Abéhi, ancien pilier de l’appareil sécuritaire sous l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a été condamné jeudi 11 janvier à dix ans d’emprisonnement ferme pour « complot contre l’autorité de l’Etat ».

Après plus de trois heures de délibération, la cour l’a déclaré coupable « des faits de complot contre l’autorité de l’Etat ». Trois de ses onze co-accusés, Félix Kla Guiraud, Cyprien Lorougnon Dragbo, et Octave Yayo Daba Loba, ont été condamnés pour les mêmes faits, auxquels s’ajoute la « tentative d’attentat contre l’autorité de l’Etat », a déclaré le juge Aboubacar Coulibaly.

Il a reconnu, pour tous les accusés, « des circonstances atténuantes », alors que le parquet avait requis « l’emprisonnement à vie pour tous les accusés ». Les huit autres co-accusés ont été acquittés et « seront immédiatement mis en liberté, s’ils ne sont pas détenus pour une autre cause », a indiqué la cour.

Tentative de coup d’état

« On leur reproche de s’être rencontrés à divers endroits d’Abidjan et d’avoir décidé de renverser les autorités du pays ». Ils auraient été prêts à passer à l’action avec l’attaque du camp d’Agban, à Abidjan, « le 23 décembre 2012 » a expliqué à l’AFP Elise Ajavon, avocat du sergent-chef de police Cyprien Lorougnon Dragbo.

Selon l’acte d’accusation, le commandant Abéhi, ex-patron du groupement d’escadrons de blindés (GEB) du camp d’Agban, a reconnu avoir participé, au Ghana, « aux réunions d’une plateforme militaire initiée par Koné Katinan [porte-parole de Gbagbo en exil], préparant un renversement du pouvoir politique en place [celui d’Alassane Ouattara] ».

Dans un enregistrement vidéo projeté lundi à l’audience de la cour d’assises, on voit clairement le commandant, en tenue militaire, béret rouge sur la tête, dire : « Je me déclare à l’instant chef de l’exécutif » et « je dissous les institutions » du pays.

« Cette décision manque de courage »

Au sortir du procès, Me Raoul Gohi Bi, avocat de M. Abéhi a déclaré avoir reçu cette décision « avec un sentiment mitigé (…) pour la simple raison que [de] la peine requise par le ministère public qui était un emprisonnement à vie, on arrive à dix ans d’emprisonnement et qu’on accorde à mon client Jean Noël Abéhi d’extrêmes larges circonstances atténuantes. » « Je pense que cette décision manque d’un peu de courage », a-t-il ajouté, promettant faire appel de la décision.

Le commandant Abéhi avait fui au Ghana après la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011 qui a fait environ 3 000 morts et la chute de Laurent Gbagbo. Il y avait été arrêté et extradé en Côte d’Ivoire en février 2013. Il est considéré par ses détracteurs et des ONG comme l’un des principaux responsables d’exactions commises sous le régime Gbagbo.