LES CHOIX DE LA MATINALE

Une websérie qui rit de notre voyeurisme, des confessions de stars du ballon rond et un documentaire sur l’opéra-rock ayant donné à France Gall le goût de la scène. Voilà notre sélection de replays.

« Il revient quand Bertrand ? » : notre vie sur Internet

IRQB (1/10)- Celui qui n'a pas d'objectifs ne risque pas de les atteindre
Durée : 08:39

Après cinq ans de vie commune avec Magalie, Bertrand s’est fait virer de chez lui, où il a immédiatement été remplacé par un gars genre « grand blond parfait ». Dépité, le trentenaire-éternel-ado a cependant trouvé refuge chez un voisin, Gus, ancien militaire reconverti en geek invétéré. Ce dernier n’a d’ailleurs rien trouvé de mieux que de pirater toutes les webcams de l’immeuble pour mater la vie des locataires. Bertrand profite évidemment de l’occasion pour surveiller Magalie.

A partir de là, Bertrand s’invente une vie sur Facebook pour se rendre plus sexy et tenter de reconquérir son ex. Il fait croire qu’il réalise un tour du monde, triche, ment, se fait des sketchs sur ce qu’il voit sur le compte de Magalie et sur celui de son « coloc », fait des bourdes (comme liker par inadvertance une photo du fameux « grand blond parfait ») et s’en mord les doigts, « la hooonte ! »… Dans ce monde des réseaux sociaux, tout est question d’apparence.

Jubilatoire, drôle et excellemment interprétée, cette websérie tend le miroir à notre époque ultraconnectée et voyeuriste, tout en s’en moquant. Avec peu de moyens (l’intrigue ne se déroule que dans deux pièces) mais une écriture au cordeau, Il revient quand Bertrand ? nous embarque instantanément dans nos mondes parallèles. Et nous fait réfléchir dans un éclat de rire. Véronique Cauhapé

Il revient quand Bertrand ?, websérie écrite par Hélène Lombard et Julien Sibony, d’après une idée originale de Camille Duvelleroy, Méline Engerbeau et Hélène Lombard. Avec Vincent Debost, Bertrand Usclat, Louise Coldefy (Fr., 2016, 10 x 10 min). Sur artecreative

« Ma part d’ombre » : le côté obscur de six stars du foot

Ma Part d'Ombre
Durée : 01:42

Depuis quelques années, Franck Ribéry ne parle plus aux médias français. En cause : les nombreuses critiques qui l’ont fait « souffrir », dit-il, lui, et surtout les siens. Le voir dans le film d’Olivier Dacourt évoquer les moments difficiles de son enfance et de sa carrière est en soi un petit événement. Pour autant, si le joueur du Bayern Munich s’y révèle souvent touchant, là n’est pas le seul attrait de ce documentaire, qui donne à entendre d’autres paroles inédites, à plus d’un titre. A commencer par celle de l’auteur de Ma part d’ombre, consultant pour Canal+.

En effet, pour la première fois, l’ancien international de foot, qui a évolué entre autres à l’AS Roma et à l’Inter Milan, évoque le suicide d’Alexandre, son plus proche ami, au centre de formation de Strasbourg, où il débuta adolescent. « Un trauma devenu une force », explique Olivier Dacourt au fil d’une déambulation en forme d’introspection à laquelle se sont prêtées six stars du ballon rond : Zlatan Ibrahimovic, Eric Abidal, Thierry Henry, Antonio Cassano, Emmanuel Adebayor et Franck Ribéry.

Désireux de briser le miroir des apparences, des réputations bâties à la hâte, Olivier Dacourt a cherché à comprendre de quelle manière les parcours de vie parfois chaotiques de ces hommes ont façonné les joueurs qu’ils sont devenus. Et comment ils ont transformé leurs blessures en force, quitte à brouiller parfois leur image, à susciter durablement malentendus, critiques et caricatures. Justes et sensibles, ces confessions croisées à hauteur d’homme contribueront sans doute à les corriger. Christine Rousseau

Ma part d’ombre, d’Olivier Dacourt et Marc Sauvourel (Fr., 2017, 85 min). Sur Mycanal

« Starmania », encore et toujours

A la nostalgie suscitée par ce type de documentaires musicaux vient s’ajouter une note de tristesse depuis l’annonce, dimanche 7 janvier, de la disparition de France Gall. Bien qu’ayant confié un jour ne pas avoir vraiment aimé son rôle dans Starmania, l’opéra-rock ­imaginé par Michel Berger et Luc Plamondon, Crystal et son Besoin d’amour ont cependant donné à l’interprète le goût de la scène. Ainsi que l’illustrent les innombrables archives – souvent inédites – du film de Thomas Snégaroff et Olivier Amiot, qui retrace par le menu l’aventure de cet opéra-rock phénomène, créé en 1978.

Une aventure qui semble à l’époque un peu folle, tant les comédies musicales peinent à s’imposer. Et celle imaginée par Berger et Plamondon, qui dépeint à travers des intrigues amoureuses un Occident devenu un état unique sur lequel planent les ombres du terrorisme et de la dictature, ne fait pas exception. Il faudra d’abord toute l’énergie des deux créateurs pour imposer, en pleine vague disco, qui plus est avec des artistes peu connus (Balavoine ou Fabienne Thibeault), l’album puis le spectacle. Par un habile jeu de montage de photos et d’archives, un large aperçu nous est donné. Ce qui n’est pas le moindre attrait de ce film, fourmillant d’anecdotes, qui dessine à travers cette épopée inachevée – une nouvelle version pourrait voir le jour cette année – le portrait de deux créateurs visionnaires. Ch. R.

Starmania, l’opéra-rock qui défie le temps, de Thomas Snégaroff et Olivier Amiot (Fr., 2017, 115 min). Sur france.tv