Documentaire sur Arte à 22 h 20

D’accord, la bête n’est pas jolie. Petit corps glabre et fripé muni de quatre pattes et de deux longues incisives saillantes : de prime abord, et même après cinquante-deux minutes passées à le contempler, le rat-taupe nu ne présente aucun attribut de séduction.

Mieux vaut pourtant s’y attarder. L’observer, l’étudier, prélever son sang, l’échographier, comme s’y attellent des chercheurs du monde entier. Car la bestiole constitue un mystère dont la compréhension pourrait bien se révéler un espoir pour l’homme.

Installés sous la surface de la savane kényane et des semi-déserts de la Corne de l’Afrique, les rats-taupes nus jouissent, en effet, d’une longévité exemplaire et d’une santé irréprochable jusqu’à leur mort – vers 30 ans, contre 2 à 3 ans pour la souris. Organisé en communauté, ce mammifère descendant du chinchilla et du porc-épic mène son existence au sein d’un réseau de galeries long de plusieurs kilomètres – un habitat sombre, chaud et humide que l’on a reproduit en laboratoire – qui le met à l’abri des prédateurs.

Le rat-taupe nu constitue un mystère dont la compréhension pourrait bien se révéler un espoir pour l’homme / © Roland Gockel

Mais comment fait-il pour garder cette peau souple, se prémunir des maladies ou survivre quand il est privé d’oxygène durant plus d’un quart d’heure ? Pour quelles raisons son cerveau ne montre-t-il aucun signe de vieillissement ? Tout comme ses artères ? Et pourquoi ne ressent-il pas la douleur ?

Ces questions mobilisent les médecins, dont les recherches progressent. Ainsi ont-ils relevé que ces rongeurs produisent une importante quantité d’acide hyaluronique, un composant qui pourrait empêcher la transformation de cellules saines en cellules cancéreuses. Cette résistance aux maladies pourrait aussi venir d’une activité physique intense qui permettrait au rat-taupe de sécréter des molécules ultraprotectrices pour son système immunitaire.

Autre constatation : l’animal est capable d’alimenter son cerveau en fructose quand il n’a plus d’oxygène. La découverte est révolutionnaire. Le documentaire d’Herbert Ostwald, qui rapporte les expériences menées en Europe, aux Etats-Unis, en Afrique, montre que les spécialistes ne lâchent rien. Conscients que les rats-taupes pourraient les mener à cette fameuse fontaine de jouvence, tant convoitée par l’homme.

Les Superpouvoirs des rats-taupes nus, d’Herbert Ostwald (All., 2017, 52 min).