Le Bon Coin a mis au point des mécanismes de vérification des annonces, automatiques et humains. Mais certaines passent à travers les mailles du filet. / JOEL SAGET / AFP

Des objets nazis — un brassard d’officier SS et des étoiles jaunes — ont été brièvement mis en vente samedi 13 et dimanche 14 janvier sur le site Le Bon Coin. Ces deux annonces, repérées par le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), ont été supprimées dimanche par Le Bon Coin après les questions du Parisien, qui a révélé l’affaire.

Citée par le quotidien, la directrice de la communication du site de vente en ligne, Anne Quemin, a reconnu que ces objets n’auraient « jamais dû » être mis en vente. Selon elle, les mécanismes de vérification, automatiques et humains, ont été pris en défaut, sans doute en raison du plus faible effectif affecté à cette tâche pendant le week-end, a-t-elle déclaré.

Antoine Jouteau, le PDG du groupe Le Bon Coin, a présenté ses excuses et s’est dit « totalement indigné par le contenu de ces annonces qui ne respectent pas nos règles de parution », n’excluant pas d’attaquer en justice l’auteur des annonces.

Une plainte va être déposée

Le BNVCA a annoncé dès dimanche vouloir porter plainte. L’association attend pour ce faire d’obtenir du Bon Coin les coordonnées de la personne ayant mis en ligne les annonces, ce qui devrait être fait dans les quarante-huit heures, a dit au Monde lundi dans la matinée René Lévy, secrétaire général du BNVCA.

Les conditions d’utilisation du site interdisent de « déposer une annonce à caractère politique, sectaire, discriminatoire, sexiste etc. » et contenant « des éléments de texte qui sembleraient contraires aux dispositions légales ou réglementaires ».

En France, le code pénal prévoit jusqu’à 1 500 euros d’amende pour l’exposition d’objets nazis en vue de leur vente, mais il n’interdit pas leur vente en tant que telle. La croix gammée sur le brassard de SS mis en vente était d’ailleurs masquée sur la photographie accompagnant l’annonce. En 2014, la ministre de la culture Aurélie Filippetti avait demandé et obtenu l’arrêt d’une vente aux enchères de plusieurs objets nazis. En 2000, la Licra avait attaqué la société Yahoo! en raison de la présence sur ses pages d’annonces de vente d’objets similaires, conduisant le tribunal de grande instance de Paris à prendre une décision qui a fait date dans l’histoire du droit de l’Internet.